So cursed

La première et unique fois où je vis Gorilla Biscuits (avant de réitérer ça ce week end), c’était en compagnie de l’ami Gwardeath en septembre 89 (ce qui ne nous rajeunit pas l’un comme l’autre…) au cours d’une double soirée marathon de concerts (organisée par feu Elastic Crew, et cours de laquelle Papy, ou Hippy Core comme on l’appelait à l’époque, avait fini aux urgences après s’être heurté la tête en slamant. La légende, ou plutôt Papy, dit qu’un des gars des Cosmic Wurst se serait amusé à mettre des acides dans le jus d’orange qu’il but par mégarde, ce qui lui fit perdre une partie de sa tête ce soir là, mais c’est toujours resté une supputation…) qui avait rassemblé Doughboys, les Hard Ons, Witches Valley, Gorilla Biscuits et Thompson Rollets (ça je ne m’en souvenais plus, mais Frank m’a affirmé qu’ils y étaient... Enfin, bref !) dans cette salle au milieu des cités HLM du 19ème qui est devenue par la suite l’actuel Espace Curial (la fameuse salle où on ne peut ni boire, ni fumer, et qui de ce fait, en fait fuir plus d’un…).

On avait beaucoup rigolé ce soir là avec l’ami Guillaume (Un autre Stéphane avait hébergé les membres de Gorilla Biscuits, mais moi c’était simplement un de mes amis de province qui n’était pas encore aussi illustre…), et ce au détriment de nombreuses personnes de la scène locale dont le fameux perceur d’une boutique du 11ème qu’il réussit à faire bondir de 1m du sol en faisant rouler à ses pieds une bouteille de lait en plastique avec un kleenex enflammé à son bout en lui faisant croire que c’était un cocktail molotov. L’effet avait été formidable et on s’en était poilé de rire pendant un bon moment (Il faut dire qu’on était très cons, et surtout très jeunes d’esprit à l’époque, ce qui n’a pas forcément beaucoup changé par la suite…). Le tee shirt des Electro Hippies (« The only good punk is a dead one ») que portait Guillaume (aka Gwardeath)ce soir là, lui valut également quelques facéties avec d’autres membres du public, n’en ayant pas forcément saisi l’humour et l’autodérision...

Pour en revenir au concert d'hier, vu que c'est avant tout ce qui nous intéresse plutôt que ces ennuyeux souvenirs de vieux combattants, je dois reconnaître que d'une manière générale, les reformations de groupes que j’ai pu voir 15 ou 20 ans plus tôt ne me font pas plus triper que ça, mais là, j’étais néanmoins curieux de voir ce que ça pouvait donner bien qu'assez sceptique sur l’intérêt réel de la chose, mais à ma grande surprise, me suis rapidement laissé porter par l’entrain avec lequel ils se sont mis à jouer, et ce, dés le premier morceau (" New direction "). J’ai adoré leur bonne humeur et cette espèce de joie communicative qu’ils ont réussi à nous faire partager durant la totalité de leur set. Les sing along étaient de rigueur, et j'ai juste regretté que Walter n'ait pas prolongé les festivités dehors sous la forme d'un set acoustique comme il le fait habituellement...

Ce concert m’a aussi permis de recroiser beaucoup de têtes que je n’avais pas revues depuis des lustres, dont certaines étaient d’ailleurs également présentes à ce premier concert (celui de 89). C’était assez bizarre après tout ce temps, et je me suis rendu compte que l’on n’avait finalement plus grand-chose en commun à part de vieux souvenirs. Pour certains, je n’aimais pas ce qu’ils avaient essayé de faire de cette scène en tentant de la rendre synonyme d’attitude de gros dur et pour d’autre, c’était cet aspect mercantile qu’ils avaient fait de tout ça qui me révulsait toujours autant... J’ai même recroisé l’ancien copain d’une fille avec qui je trainais régulièrement à cette même époque et qui me détestait cordialement (et probablement encore maintenant) parce qu’il pensait qu’on sortait ensemble à son insu… Ce ne fut jamais le cas, tout du moins à l'époque. On combla cette lacune 13 ans plus tard lorsqu’elle reprit contact avec moi sans que je sache réellement pourquoi, et ce fut un véritable fiasco dont je préfère éviter de me souvenir. Comme quoi, il vaut mieux souvent laisser son passé là où il est... En tout cas, ça a fait beaucoup de souvenirs qui sont venus se mélanger au cours d'une même soirée, sans que je n'ai forcément voulu me les remémorer. Le plus amusant était de le savoir auxiliaire de police maintenant (tout du moins pour les infos que j’en avais eu au cours des ans…), lui qui à l’époque passait son temps à se défoncer au vin blanc, à la codéine et autres bricoles, je n’ai pu m’empêcher de me demander ironiquement ce qu’il y avait à retenir de tout ça… Peut être juste le lien avec la signification du nom du groupe que nous étions venus voir...

Gorilla Biscuits – Le Batofar – 30/09/2007