Thursday, February 22, 2007

Nowhere to run anymore...

En 97, lorsque je suis parti rendre visite à une de mes amies dans la région de San Francisco (Kamala Parks ancienne batteuse de nombreux groupes de la région dont Kamala & The Carnivores, Cringer, The Grup’s et Naked Aggression pour ne citer que les plus connus), je me suis retrouvé à aller voir Hickey (groupe composé d’ex-Fuck Boyz pour ceux à qui ce nom évoquerait davantage de choses) dans un bar d’Oakland dont j’ai oublié le nom (Il faudrait que je cherche dans mes notes de l’époque mais je n’en ai pas le courage à cette heure et ne pense pas que ça présente un très grand intérêt).

C’était le jour de mon arrivée à Oakland. Kamala devait se rendre chez ses parents pour y faire des lessives sans avoir particulièrement envie de me les présenter (les parents, pas sa lessive !), et sa coloc, Arika (Ancienne guitariste ou batteuse de Blatz idem j’ai un doute, ancienne voisine de Billie Joe avec lequel elle se rendait tous les matins au collège en étant gamine, et accessoirement grande sœur d’un certain Mike qui débutait dans un groupe s’appelant The Enemies qui sortirent quelques années plus tard un album sur Look Out ! qui marcha plutôt bien) me proposa de l’accompagner voir le groupe de son copain (Ojo Rojo) qui rentrait d’une courte tournée et jouait dans un bar en compagnie de 2 autres groupes, dont Hickey que je ne connaissais pas encore.

Elle se présenta en me disant qu’elle était complètement cinglée, mais très gentille, ce qui ne me parut pas plus inquiétant que ça.

En montant dans sa voiture, je fus surpris de constater qu’il n’y avait plus de vitres sur les portières latérales. Elle m’expliqua qu’on les lui fracturait régulièrement pour visiter sa voiture, mais vu qu’il n’y avait plus rien à voler dedans, elle ne voyait pas l’intérêt de les changer ce qui lui évitait des frais inutiles… C’était effectivement une manière pour le moins on ne peut plus pragmatique de voir les choses qui me donna par la même occasion une vision assez explicite de l’environnement dans lequel j’allais être amené à évoluer dans les semaines à venir… Malheureusement, ceci ne fut que le haut de l’iceberg, d’autres anecdotes beaucoup moins drôles m’amenèrent par la suite à redoubler de vigilance et éviter de sortir seul trop tard le soir, en me baladant en tant que cible potentielle dans un quartier où ma couleur de peau ne m’annonçait pas forcément comme étant le bienvenu…

Le bar était minuscule, mais j’ai adoré l’endroit, et encore plus Hickey, bien que ces derniers ne se donnèrent la peine de ne jouer qu’une petite poignée de titres en un court quart d’heure. Les gars ne ressemblaient à rien avec leurs baskets défoncées dont la semelle tenait au moyen de simples bouts de Scotch (duct tape en anglais et non Whisky) et leurs fringues sorties tout droit de quelconques succursales de l’armée du salut, ce qui me les rendit d’autant plus sympathiques.

Quelques jours plus tard je partis passer quelques jours à San Jose pour y rendre visite à un autre de mes correspondants de l’époque (Mike Park, qui venait depuis peu de lancer son label Asian Man Records, et bossait sur l’enregistrement du premier album des Chinkees auquel il m’invita d’ailleurs à assister, et même participer en y plaçant quelques cœurs). Le lendemain de mon arrivée, il m’amena visiter les locaux de son label qui se trouvaient être simplement l’ancien garage de ses parents réquisitionné à tout autre usage. J’ai passé l’après-midi à lui filer un coup de main et empaqueter des paquets promos. Pendant que nous nous affairions passait en boucle un disque que je ne connaissais pas, et qui retint mon attention plus qu’aucun autre. Curieux de savoir ce que nous écoutions depuis un bon moment, un de ses amis qui bossait aussi là, me dit qu’il s’agissait de Hickey qui étaient des potes qu’il connaissait bien.

Pour le moins séduit, j’étais parti pour essayer de me trouver leurs disques disponibles, mais il m’apprit dans la foulée que la plupart n’étaient sortis que sur de tout petits labels et étaient quasiment tous épuisés. De nature plutôt optimiste (contrairement à ce que de nombreuses personnes prennent un malin plaisir à penser en me lisant !), je pensais que mon séjour à Berkeley et San Francisco me permettrait d’en trouver quelques copies sans trop de problème, mais malheureusement ma quête s’avéra totalement impossible et je repartis bredouille et passablement déçu.

Il s’est écoulé 10 ans depuis ce séjour, et je n’ai jamais réussi à trouver aucun de leurs disques pour autant.

Comme beaucoup de gens à cette époque dans le secteur de la baie de San Francisco, Matty (guitariste / chanteur et principal compositeur du groupe) développa de sérieux problèmes de drogue en réponse à ses innombrables maux intérieurs (" The only solution to life’s tribulation " comme il se résignait malheureusement à la définir lui même…) qui en emportèrent plus d’un...

Celui-ci s’est éteint dans le courant de l’année 2002 dans des conditions pour le moins tragique. Sa mort provoqua de nombreuses réactions de témoignages touchant qui donnèrent naissance à ce site en son hommage, qui me permit de retrouver finalement trace de ce groupe dans des circonstances que j’aurais préféré tout autre...

http://www.mattyluv.com/

Sur lequel, j’ai d'ailleurs retrouvé quelques photos prises au cours de ce fameux concert où je les avais vu jouer (Tout du moins, c’est ce qu’il me semble pour le souvenir que je garde du lieu, et de l’image du groupe ce soir là que j’ai toujours gardé en mémoire), et que voici…


Ainsi que celle-ci plus reposante que j’aime beaucoup...

Matty (1968 - 2002)

Si je peux vous recommander quelque chose c’est de jeter une oreille sur les discographies de ses différents groupes qui y sont mises en libre téléchargement dans leur quasi intégralité (Bon OK, bon nombre sonnent probablement aussi daté que le fait de porter des dreadlocks, mais en même temps ça correspond bien à l’esprit punk east bay de l’époque, bien avant que tout ne se compartimente autant en styles bien définis ultra formatés…), mais aussi et surtout, d’explorer le zine collectif réalisé à sa mort (et dans lequel on retrouve de nombreux témoignages touchant dont entre autre celui d’Iggy Scam avec lequel il officia une courte période au sein de Shotwell ou Miami) également mis en ligne dans son intégralité !

Soundtrack : Fucked Up " What could have been ? " / D.S.13 " Rippin shit " / Regulations " Nowhere " et surtout Spazm 151 " Freedom " (…just another word for nothing else to lose !) / " Whatever happened " / M.I.A. " Boredom is the reason "

Tuesday, February 20, 2007

Un monde s’écroule...

Ce qu’il y a de rigolo avec internet c’est que l’on peut y retrouver tout un tas de photos plus ou moins embarrassantes comme celles-ci…

Bon OK, ça doit parler à peu de monde, et ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus drôle, que de voir n’importe quel quadragénaire gaga tenir un bambin dans ses bras, sauf peut être lorsqu’il s’agit de Joe Matt

Je vous rassure le bébé qu’il porte dans ses bras n’est pas le sien (C’est lui-même qui le précise !) et sa vie n’a pas changé d’un iota depuis " Peepshow " et " The poor bastard ". D’ailleurs un recueil de ses 4 derniers comics intitulé " Spent " (dont voici la cover) devrait sortir en mai prochain sur Drawn & Quarterly.

Celles-ci sont plus amusantes par contre…

J’adore le tee-shirt Grateful Dead sur celle-là.

Vous vous demandez probablement de quel groupe grunge de seconde zone sont tirées ces deux photos datant de 89 (Merci Murray Bowles !)… Pourtant ces 2 jeunes gens sont devenues 2 des personnes les plus riches (et accessoirement célèbres) de l’histoire de la scène punk, depuis euh… Kurt Cobain et Nirvana je dirais…

Vous ne voyez pas ?

Ça, s’est le même deuxième personnage, mais 10 ans plus tard, et ayant un peu trop gouté aux méfaits de l’alcool, des drogues et de la vie de luxe…

Vous ne voyez toujours pas ?

Facile, il s’agit de Green Day !

Et ouais, ça laisse songeur non ?

Soundtrack : Amadou & Mariam " Dimanche à Bamako " (Non je déconne. Je sais que j’ai des goûts de chiotte, mais il y a des limites à tout quand même !) / Gasmask Terrör " LP 2006 " (Là, ça fait déjà plus sérieux, et un peu plus crédible, ainsi qu’un bon enchaînement de mix tape avec Amadou & Mariam ! En tout cas, le meilleur disque du style sorti en France à ce jour. Si, si, je le pense sincèrement ! Euh… Je parle de Gasmask bien sûr !) / Vicious " 12’’ EP " (En attendant de trouver l’album) / N.Y.C. Mayhem (Les vrais ! En tout cas, ceux qui ont donné Straight Ahead et dans lesquels jouait Craig Setari avant de rejoindre Sick Of It All...) " We stand – Demo 85 " (A moins que ce ne soit 86, à vérifier…) / Zero Boys " History of… " (La fameuse K7 sortie après le séminal " Vicious Circle " et que vous pouvez retrouver ici… http://www.kbdrecords.com/2007/01/16/zero-boys-history-of-cassette/ Enjoy !)

Saturday, February 10, 2007

Second street memories... Banned in D.C. !

Avec la sortie du livre " Punk love " mentionné dans une précédente note, il m’a paru intéressant de ressortir cette interview de Cynthia Connoly, instigatrice du premier ouvrage ayant couvert la scène de DC, je veux bien évidemment parler du fabuleux " Banned in DC ", sorti en 87 ou 88 si ma mémoire ne me fait pas trop défaut...

Cette interview fut réalisée il y a 7 ou 8 ans dans le cadre d’un dossier Dischord pour un magazine glossy, mais ne fut malheureusement pas utilisée pour de simples raisons de place. Elle vit le jour dans le N° 23 de mon propre zine, mais celui-ci étant épuisé depuis longtemps maintenant, j’ai décidé de la ressortir sous forme de note. Certaines questions et réponses paraîtront probablement un peu daté, mais je pense qu’elles gardent tout de même leur intérêt, et permettent de revisiter certains pans de l’histoire de la scène punk hard core US…

Ian Mc Kaye
Dischord ne serait rien sans la présence de nombreuses personnes ayant contribué à son essor sans que ce soit sur un plan purement musical, ce qui est le cas de Cynthia s’occupant de la promo et des pubs du label.

Cynthia Connolly a rencontré Ian Mac Kaye en 1981, et fait partie de ces piliers de la scène punk qui ont permis à Dischord de s’étendre sur des bases aussi solides, mais son travail ne se limite pas au côté purement promotionnel du label, puisque Cynthia est également une des instigatrices du célèbre livre " Banned in D.C. ", premier livre de photos jamais sorti documentant la scène hard core de Washington au début des années 80, ainsi que photographe de talent à ses heures perdues dont les clichés ont sillonné le monde comme un groupe partirait en tournée dans les endroits les plus perdus de la planète.

Comment as-tu débarqué à Washington et rencontré les gens de Dischord ? as-tu toujours vécu là ?

Cynthia : J’ai vécu à Los Angeles jusqu’à 16 ans, après quoi j’ai déménagé à D.C. en compagnie de ma mère et ma sœur. En 1981, la scène punk n’était pas très étendue. La plus connue était probablement celle de Los Angeles, quant à celle de D.C., elle était vraiment très , très restreinte. Ma sœur et moi avons rencontré John Falls ( Qui est également devenu photographe par la suite et vit actuellement à New York ) qui nous a présentées à Danny Ingrahm de Youth Brigade (Celui de D.C.) et Alec Mac Kaye. A l’époque, Ian était à Boston à la recherche d’un collège pour finir ses études, mais çà n’a pas duré très longtemps, et il a décidé qu’il était préférable de continuer de jouer avec Minor Threat. Nous nous sommes rencontrés juste avant que je retourne à L.A. pour finir les 2 mois d’école qu’il me restait à faire. C’était en avril 81. Ian et moi sommes devenus amis, et nous sommes mis à nous écrire régulièrement. C’est ainsi que j’ai pu rencontrer une bonne partie des gens que je connais à D.C..

Et lorsque tu habitais à L.A., étais-tu tout aussi impliquée dans la scène punk ?

Cynthia : J’ai commencé à m’y intéresser là-bas parce que c’était un mouvement qui débordait d’énergie, et il y avait beaucoup de filles qui jouaient dans des groupes. Elles faisaient vraiment partie du truc. Après çà a beaucoup changé, la musique est devenue si violente qu’il y a eu de moins en moins de filles pour s’y intéresser, il n’y avait plus que des mecs. C’est à ce moment là que j’ai un peu lâché l’affaire. Je traînais beaucoup aux concerts, j’ai même fait un set acoustique avec Circle Jerks au Whiskey A Go Go en janvier 81. Je jouais de la harpe. Je garde pleins de bons souvenirs de cette époque, comme lorsque nous traînions au Okie Dogs, une échoppe à hot-dogs sur Santa Monica boulevard . Après les concerts, on se retrouvait tous là-bas pour manger des frites ( La seule chose à peu près comestible que l'on y trouvait ), et terroriser le voisinage. Il y avait toutes sortes de personnes, et c’était le point central de tout ce qui se passait là-bas. J’adorais cet endroit. Je pense qu’il existe encore, mais Okie Dogs n’y est plus et les gens ne traînent plus là-bas comme ce fut le cas. Mais bon, c’était il y a 18 ans (26 maintenant…) ! Un autre endroit que j’aimais beaucoup et où il avait toujours de très bons concerts, c’était une toute petite salle privée qui donnait sur un parking dans les quartiers bas de L.A.. Cà s’appelait Brave Dog. J’y ai vu beaucoup de concerts, mais je me suis toujours demandée à qui cet endroit appartenait.

La première fois que j’ai remarqué ton nom c’était dans le livre " Banned in D.C. ", avais-tu participé à d’autres choses auparavant, comme des photozines ?

Cynthia : Glen E Friedman a été le premier à sortir ce que l’on pourrait appeler un photozine. C’était en 1984, et çà s’appelait My Rules. Il y avait une couverture en papier glacé, et l’intérieur était uniquement constitué de ses photos. Je n’ai jamais réalisé de photozine moi-même, mais en 1986 j’ai habité à San Francisco dans la maison de M.R.R. pendant quelques temps. J’y ai fait beaucoup de lay-out avec Martin Sprouse (Qui réalisa l’ouvrage anthologique " Threat by example " publié par Pressure Drop Press et diffusé par M.R.R. à l’époque…) et j’ai également participé à la réalisation de certains de leurs photozines comme celui de Murray Bowles. Je travaillais également sur M.R.R., et peu après j’ai décidé de retourner à D.C. pour travailler sur mon propre livre " Banned in D.C. ". J’avais vraiment envie de documenter ce qui se passait là-bas avant que tout ne change. Je m’étais également fixée comme défit de sortir un beau livre sans que la mise en page soit trop clean pour autant. " Banned in D.C. " a été entièrement réalisé de façon " old school ", sans la moindre page traitée sur ordinateur. Parallèlement à tout çà, je me suis spécialisée en design graphique, et j’ai obtenu mon diplôme de l’école d’art de Corcoran en 1985.
Minor Threat
Ce livre était ton idée ?

Cynthia : Oui. Nous avons commencé à travailler dessus à 2 avec Leslie Clague, mais je me suis retrouvée à faire la majeure partie du travail seule. A la même époque, je m’occupait de trouver des dates pour certains groupes qui voulaient jouer dans la région. Je traînais pas mal dans les clubs, et çà m’a permis d’interviewer de nombreuses personnes pour mon livre. Leslie m’a aidée à imprimer certaines photos, mais c’est moi qui me suis occupée de retrouver tous les photographes, leur parler et récupérer leurs négatifs ou les épreuves de leurs photos, ce qui ne fut pas une mince affaire vu que la plupart d’entre eux avaient beaucoup de mal à croire que je m’occupait réellement d’un livre, et surtout qu’il sortirait un jour ! J’ai également récupéré tout un tas de notes, et je les ai retranscrites. Lydia Ely m’a aidée à le faire, ainsi qu’à les corriger. Sharon Cheslow s’est chargée de récupérer tous les flyers, établir la liste de tous les concerts, et corriger les légendes accompagnant les photos. Je me suis occupée de la quasi-totalité de la mise en page, Leslie en a également fait un petit peu. J’ai ensuite payé tous les frais de publication, promotion, et me suis chargée de tout le mailorder, ce que je fais encore. Tout le monde a quitté D.C.. Sharon et Lydia habitent à San Francisco maintenant, et Leslie à Seattle.

Il y a eu différents pressages de ce livre, combien en avez vous vendus ?

Cynthia : On en est au 5ème pressage (et encore plus aujourd’hui !), et nous avons dû en vendre près de 10 000 copies. Je ne m’attendais pas à un tel succès. Il y avait un seul livre de ce type avant " Banned in D.C. ", c’était " Hard Core California ". Je suis vraiment contente que nous l’ayons réalisé. Ce livre a servi de source d’inspiration à de nombreux autres livres documentant différentes scènes similaires, et j’en suis très contente également.

Quelles étaient tes motivations premières lorsque tu as décidé de travailler sur ce livre ?

Cynthia : J’avais juste envie d’en avoir une copie chez moi, et que des gens puissent comprendre et apprécier ce qui s’était passé à D.C. durant ces années-là. J’espère que cela est toujours le cas.

Tu as pris de nombreuses photos de personnes jouant dans des groupes, tu n’as jamais eu envie de former ton propre groupe ?

Cynthia : J’ai essentiellement pris des photos relatives à des groupes en 1980 à L.A., et entre 1981 et 1982 à D.C., après quoi j’ai arrêté d’en prendre durant toute la période de mes études d’art, c’est à dire entre 82 et 85. J’ai juste remis çà une fois où j’ai trouvé 16 rouleaux de pellicules diapos sur un parking. La plupart étaient des portraits de gens qui traînaient aux concerts en 84. La seule fois où j’ai essayé de jouer dans un groupe, c’était en 81 et ce fut un véritable fiasco dés la première répèt. Le guitariste s’est pointé, il était trop crevé pour jouer et a refusé de répéter. C’est à ce moment-là que je me suis rendu compte que j’étais incapable de travailler avec beaucoup de personnes à la fois. J’aime travailler seule, c’est pourquoi je fais beaucoup de photo maintenant.

Tes photos les plus célèbres sont celles que tu avais prises de membres de la scène punk avec leurs véhicules, elles ont d’ailleurs voyagé à travers le monde. C’est un peu particulier, non ?

Cynthia : A la base, ces photos avaient été prises pour le magazine Speed Kills. J’ai commencé cette série en 93, et la première fournée a été publiée en 95. J’ai pris tellement de photos de gens avec leur véhicule… J’ai démarré ma première expo en 1995 lorsqu’un ami m’a offert un billet d’avion pour l’Australie. un de mes correspondant sur place, Ben Richardson, m’a suggéré de prendre quelques-uns de mes clichés avec moi pour les exposer… Et il a trouvé l’endroit. Dans les 2 semaines qui ont précédé mon départ, il a fallu que je trouve un moyen de les encadrer en trouvant une astuce pour indiquer le nom de la personne prise en photo, de quel groupe elle faisait partie, ainsi que le nom de son véhicule. Ces clichés sont restés accrochés dans un café de Bondi Beach en Australie pendant plusieurs mois. Lorsque je suis rentré, j’ai décidé de les exposer dans d’autres endroits. J’ai ainsi monté une expo dans une librairie anarchiste de New York en août 95. On pouvait manger des pastèques sur le trottoir tout en contemplant les photos. Je les également exposées à D.C. au Washington Project For the Arts. J’ai monté cette expo en une journée, et le lendemain avait lieu l’inauguration. J’ai prévenu tous mes amis la veille au soir. Tout s’est vraiment fait dans l’urgence. Juste après çà, Pat Graham ( Un excellent photographe qui a pris beaucoup de clichés de groupes en concert, et vécu quelques temps à D.C. bien qu’il soit de Milwaukee dans le Wisconsin ) et moi avons décidé d’exposer nos photos ensembles à travers les Etats-Unis, mais nous voulions faire çà de façon punk, sans passer par les galeries et tous ces endroits où il faut au minimum 2 ans avant de se faire accepter. Nous avons démarré cette expo itinérante à Milwaukee dans un café tenu par un ami de Pat. C’était durant l’hiver 95/96. Après quoi, je me suis occupée du reste de la tournée. Les photos étaient expédiées par transporteur, puis nous payions chaque galeries pour qu’elles les réexpédient dans la ville suivante. C’était vraiment beaucoup de travail, et très stressant. Pat s’est déplacé jusqu’à une des expos de l’état de Washington, et je me suis retrouvée à faire toutes celles de la côte ouest. Cà a vraiment représenté beaucoup de boulot, mais çà m’a également permis de prendre des tonnes de photos de l’ouest américain. Cette tournée s’est étalée sur 3 ans et s’est achevée à l’ICA de Londres. Je viens de démarrer une nouvelle tournée toute seule à partir d’une expo qui a eu lieu à Seattle en mai dernier au Milky World Gallery. Un squat de Milan et un de Rome me paient le déplacement jusqu’en Europe, et je me charge de tous les frais de retirage des clichés de cette expo qui regroupe environ 70 pièces, sachant que chaque pièce est constituée de 2 à 6 photos. Sans compter que j’ai du concevoir cette expo en double, vu qu’un jeu restera à Zurich pour un mois dans un endroit appelé le Total Bar...

Alec Mac Kaye

Quel genre d’appareil utilises-tu ?

Cynthia : A l’heure actuelle, j’utilise un Lieca R5. Auparavant j’avais un Canon, mais les focales n’étaient pas très bonnes. Il m’arrive de temps en temps de prendre des clichés avec des polaroids panoramiques, en format demi ou quart de cadrage (Nickelodéen). Pendant très longtemps, j’ai développé mes photos dans un centre communautaire à proximité de chez moi. Je leur faisais des poteries en céramique en contrepartie de l’utilsation de leur chambre noire, mais depuis peu je me suis fabriqué ma propre chambre noire avec un élargisseur 4x5, et de magnifiques focales. Je fais tous mes développements en noir et blanc moi-même, et pour la couleur, je passe par un ami.

Est-ce que tu vis de tes travaux photos ?

Cynthia : Non. C’est un choix, je n’ai pas envie de me retrouver à gagner ma vie grâce à mes photos. Cela supposerait trop de compromis. Si des gens apprécient mes photos, ils peuvent les utiliser librement à partir du moment où ils me le demandent. Il est évident que s’ils veulent payer, je n’ai rien contre, mais l’argent n’est pas une de mes motivations. Je fais ça avant tout pour exprimer ce que je ressens, mais en même temps faire de la photo papier coûte beaucoup d’argent… Ce n’est pas un hobby bon marché. Heureusement, mon travail à Dischord m’aide à payer la plupart de mes travaux artistiques. J’ai aussi une vieille presse qui me sert à imprimer toutes les légendes au dos de mes photos.

Que fais-tu exactement à Dischord ?

Cynthia : Je m’occupe de la promotion et des pubs concernant le label. De temps en temps, je fais aussi un peu de mise en page et de design comme pour leur catalogue imprimé. J’ai commencé à y travailler au début des années 80. A l’époque, nous n’étions pas payés, mais maintenant nous les sommes tous car le label tourne bien !

Est-ce toi qui t’occupes du choix des photos de vos pubs ?

Cynthia : Non, c’est Jeff Nelson qui s’en occupe.

Pourquoi avoir gardé le même concept de présentation de vos pubs depuis autant d’années ?

Cynthia : Les gens y sont habitués et les reconnaissent immédiatement. Du coup, nous n’avons pas jugé nécessaire de les modifier.

" Banned in D.C. " et les différents jeux de cartes postales que tu as réalisées sont disponibles par le biais de Sun Dog, qu’est-ce exactement ?

Cynthia : Sun Dog est juste un nom. Il en fallait un pour la société d’édition que nous devions créer pour pouvoir publier " Banned in D.C. " en toute légalité, et j’ai choisi celui-ci. Ça vient d’un vieil homme qui m’avait montré ce qu’était un " Sun dog " au cours d’un de mes trajets en train entre L.A. et San Francisco en 85. Il s’agit d’un anneau qui entoure le soleil au moment de son lever. Nous étions dans la vallée de Salinas, la région la plus fertile des Etats-Unis, lorsque nous en avons vu un, et j’ai décidé de choisir ce nom.

Pourquoi avoir choisi ce format " cartes postales " pour diffuser tes photos ?

Cynthia : J’adore les cartes postales, et plus particulièrement les vieilles cartes postales américaines. Je les collectionnais en étant gamine. En réaliser moi-même était une sorte de rêve d’enfant enfin devenu réalité , qui plus est les gens ont l’air de les apprécier énormément. Je les vends sous forme de sets de manière à ce qu’elles restent abordables. Je peux ainsi en diffuser plus, et faire en sorte que les boutiques ne les vendent pas trop cher. Dischord les distribue également, mais je les vends principalement moi-même. J’en ai récemment réalisées en couleur avec des bords découpés à la manière de vieilles cartes postales. Je les adore ! Je suis sur le point d’en réaliser de nouvelles séries, mais elles coûtent beaucoup plus cher à la fabrication. Le fait de vendre ces sets de cartes postales m’a également permis de rencontrer toutes sortes de gens intéressants. J’en emporterai avec moi en Europe.

New York

Quels sont tes projets dans l’immédiat ?

Cynthia : Je pars sous peu exposer mes photos en Europe. Je devrais traverser l’Italie, la Suisse, l’Allemagne et l’Espagne. Ce sont des amis qui m’ont organisé tout ce circuit d’exposition, ainsi que d’autres personnes avec lesquelles je me suis très bien entendue concernant mes objectifs. La préparation de cette tournée m’a accaparé beaucoup de temps ces derniers mois. Je devrais être en Europe jusqu’à la fin octobre, après quoi je retournerai aux Etats-Unis pour travailler sur ma prochaine expo prévue pour mars 2000 à Philadelphie. Il faudra également que je réfléchisse à la manière dont je vais bien pouvoir écouler les 12 500 nouvelles cartes que je viens de faire imprimer… Et peut être songer aussi à préparer mes prochaines vacances !

Quelque chose à ajouter ?

Cynthia : Continuez à boycotter les produits des multinationales ! Nous avons eu des échos aux Etats-Unis de ce qui s’était passé en France pendant l’été. C’est une bonne chose que les gens protestent et manifestent de la sorte ! Je pense que cela peut aider à changer les choses à condition de ne pas sombre dans la violence. La violence reste la pire des choses !

Tony Alva – Ian Mc Kaye - Eddie

Les photos intercalées sont bien évidemment de Cynthia Connolly. Plus d’infos sur ses activités actuelles, sur le site de Southern records :

http://www.southern.com/southern/band/CYNTH/

Soundtrack : Adolescents " Brats in battalions " ( Ouais, je sais c'est pop, mais j'adore cet album !)

Last post on the bugle

Et en bonus, une courte nouvelle que Cynthia m’avait également joint à l’époque qui ne fut pas utilisée et que j’ai préféré laisser en anglais (Et pas forcément eu le courage de traduire surtout !)…

Speaking of which.. Here's a story I wrote for a zine all about L.A. and it's about one such building that i love that was torn down in 1984. Before i left L.A.. I was thinking of getting it protected as an historical building so they wouldnt' tear it down. But I was 15 and who would listen to a 15 year old girl ? here's the story :

I remember the first time I went to Ship's Restaurant. I was about 7 years old. My mother, brother, sister and I were coming back from visiting our Grandmother at her house in Los Feliz. (we were in the 1970 Ford Country Squire station wagon, which smelled of my barf and lysol from a previous L.A.drive.) I had to pee, so my mother took a right turn into the Ship's parking lot, and told me to run in. The building that was Ship's had two "wings". The (as I may call it) "west" wing (or Glendon side) was always open and was at the corner of Wilshire and Glendon. (Just one block east of Wilshire and Westwood.) The bathrooms were in the west wing on the way over to the "east" wing. (or the Wilshire Blvd side.) The bathrooms and three stairs divided the west from the east. The door to the women's room was heavy, nearly too heavy for a kid my age. The door shut fast behind me. I was in the small quiet room of the women's room. It was clean and smelled of air freshener. Glancing around as I peed I took note of the cool "modern" tile.

The noise of people talking and clanging silverware blasted in as I opened the door to exit the bathroom. I looked up and recalled seeing the stylish architecture pointing upward-Up to the future.

This was the future, Ship's.

The Future was taking me away now. At the age of 16 I was told that I was going to be moving to Washington, DC at the end of my 11th grade. For the last six months in LA I spent a lot of time thinking about the things I would miss. Besides my friends, the number one thing was Ship's Restaurant. "Always Open".

After punk shows, I would get off the bus and meet friends, (or they would be with me) and we'd go to Ship's (close running for us was Canter's... which was also a 24 hour coffee shop, but it just didn't cut it the same way.)

My friend Stacey lived near Ship's. We had made a decision that we would spend every hour of the day there in Ship's. So, if I slept over at her place, we would get up really late.. like 4 AM and see what kind of people were there. We'd take the 20 minute walk over in the darkness of the residential side streets of Westwood.

Ahead : the warm glowing building a-buzz at the corner. Ship's.

We loved watching people, drinking coffee and eating toast at Ship's. (there were toasters on each table so you got bread for your order of "toast" and you'd toast it yourself.) I also looked at the building. What was on the mind of the people who built this thing? It was like an east coast diner but it was all west coast in style. Lots of room, modern, and super efficient. This was the Future. Huge Stainless work counters where the uniformed waitresses (there were no men who took your order.. they were always women.. older women.. sometimes younger women.. but these older women were great. they were making careers at Ship's.) would prepare your plates of food that "came through the window" from the mysterious kitchen beyond. Here at the stainless counters, all custom made to fit the angles of the building.. were the glass mirrored dessert cabinets, (As a child I always thought the desserts were defying gravity and hanging upside down... I later found (I'm sure during my long hangs at ships) that there was a mirror and that was only a reflection.), the stainless Kold Milk dispenser, the hand orange juicer (that the waitress had to use everytime you ordered juice.. she cranked down the handle and made each glass fresh to order.) and the salad tossing counter (after all this was California... just a couple hundred miles from Salinas Valley, "The Salad Bowl of the Nation").

The salad tossing area was of amazement to me. They designed this whole area to toss those small dinner salads. There were about three holes in the counter where three stainless bowls were stored. Below the counter in the refrigerator was the ripped up lettuce and the dressings. When a salad was ordered, the waitress would get the food from the kitchen and would make the salad by serving a small portion of lettuce into the stainless bowls, select the appropriate dressing and toss the salad. The bowls were left there, and I think were re-used as the bowls (get this) were located above the refrigerator and so the bowls were actually refrigerated.

Genius! Everything at this place was mapped out and planned.THIS was THE coffee shop that all others copied. I was sure of it. There is NOT another place that is and was better. I still look for it, but it is not found.

The greatest thing of all about Ship's was that everything was made of the highest quality from the day. Everything was original (except the toasters, understandably). Even the Ray and Charles Eames dining chairs were original. I can still hear the feet of the chairs scraping the terrazzo floor as I sat down. The fake wood formica led to the stainless counter which lead to terrazzo walls and flooring which echoed the stainless steel lines of the counters. The huge glass windows --none at a right angle- reached up the the angled acoustical tile ceilings. The Glass front door with the arrow logo of the Ship's name cut and frosted into the glass, framed in a heavy duty stainless door frame. (OK- the only thing made of right angles) The lamps of various styles and colors hung all with a special purpose. Many of them were these black wires globes with strips of colored plastic which created a globe like shape. All these were the colors white, yellow and red. I was convinced it was to represent the colors of mayonnaise, mustard and ketchup. These were the ones that also created a shadow on the ceiling like a sun with sun rays going outwards... sort of like how a child draws the sun. There was a big wire "chandelier" with plastic cups on the end that shook from the vibration of some machine (my guess was the dish washer). Walls were wood, not just panelling but beautiful wood that was sort of 3-dimensional that went in and out, creating triangular points. Some of the walls were made of big round rocks, some were flat rocks (the one outside I climbed up once), some were stucco and some steel. There was this one "room divider" that
divided the dining area from the pay telephone area.

I never really understood whether I really liked them, but I admired the creativity, and even the idea that perhaps architects sat in rooms showing drawings of details of things like this.. touting their greatness: Trying to sell the idea to the client (no doubt the future was in the sale: ) They were these wrought iron bars that ran vertical. They were spaced about every ten inches.


Running up each bar, every foot and a half, it would divide and create a diamond shape which held inside a "rock" made of plastic held by this flat area of "poured" plastic. They also used this artistic expression to divide booths in the east wing. (see photo). Plastic, I would suppose was the FUTURE. The future was great if Ships was part of it. But it wasn't.

A year after I moved to DC, I heard that ships was torn down and made (gasp!) into a parking lot! Whenever I'd come back and visit, I'd go to the other ship's on Olympic at La Cienega.. but that closed.. I saw the plywood boards in those angular windows once and I thought it was a crime. So then I'd go to the one in Culver City. That was ok. Neither the Olympic Blvd nor the Culver City ones were as good as the Westwood one. The Westwood location was the crowning jewel. So vast and big. These were small and confined and not as well maintained. The
sunlight didn't shine in these as in the Westwood location.

The last time I went was in January 1996. I drove with my friend Jane. It was closed for good. The lights were out. No more "always open." I was bummed that I didn't do what I wanted to do and make it a historically preserved building. I trusted that the owners would take it on themselves. That the city of L.A. would take it on themselves. It needed to be saved. We needed to remind ourselves what the future was to us when the idea was conceived in 1948. (as the architectural drawings proudly hung in the telephone booth area of the east wing.)

Sometimes, I wish I would have done all that.. the one last thing I wish that I ever did was to talk to the owners, the Shipman's. Their son we nicknamed "short tie" (as he had a very short clip-on tie) worked there during the afternoons. I wonder if he was the one who inherited the restaurant chain, and sold them all. I wonder where he is today.

Other notes from investigating ships...

I called an artist who was an Assistant to the Art Coordinator of The City of Los Angeles in the 1950's. His name is Joe Cook. I called to see if he knew Ray and Charles Eames (the designers of the chairs in Ship's)and to see if anyone knew if they had anything to do with the design of the building.

Turns out, he didn't know them personally to say if they had anything to do with the design of the builidng. But I did get a couple good stories. Joe's job at one point was to go and inspect buildings to be sure that the whole thing was keeping with the style that it claimed to be built. So, he kept on getting phone calls from the Biltmore downtown complaining about this building being built next door.

One call was complaining about the spires being built. The next call about it being red or the lights. They were concerned of how it ruined the Biltmore's reputation having this monstrousity being built. ("a personal insult") Turns out it was a restaurant just like Ship's: Googie's.

Sources say it is torn down. He also worked at the Barnsdale Museum doing the installations. He was able to meet Ray and Charles Eames, once doing an installation.

It turns out the Ray and Charles Eames house was about 10 blocks from where I grew up in Pacific Palisades. I would ride my bike by the house (hidden by Eucalyptus trees) everytime I'd ride down to the beach. It is near Chatauqua and
Corona Del Mar, if anyone wants to check. He spoke of Ship's and went to it frequently, for breakfast in particular, as Flax art supply was right behind it, and it was near Bullock's department store, where he did window displays. He told me that there was this regular, her name was Gladys Towles Roote. She was one of the first woman lawyers in Los Angeles. She and her secretary would go there in the morning in her "bizarre Hollywood get up". ("jewels like door knobs".. all this stuff around her neck.. and her satin turbin.)...

She'd sit there.. with all these legal papers on the wood formica table with her jewels and towards the wall was the toaster on the table. It was a sight to see. )

By Cynthia Connolly, a long since removed resident of Los Angeles, living in
the Washington, DC area since 1981.

Quelques photos souvenir du concert de Kimmo d’hier. Un concert un peu chaotique à cause de nombreux problèmes techniques mais qui nous permit malgré tout de passer une très bonne soirée principalement passée au bar...


KimmoLe Saphir 21 – 09/02/2007

KimmoLe Saphir 21 – 09/02/2007

KimmoLe Saphir 21 – 09/02/2007

Use Of ProcedureLe Saphir 21 – 09/02/2007

Il y avait tellement de monde hier soir que je n’ai pas réussi à redescendre pour aller voir No Nebraska, du coup je suis resté au bar avec l’ami Yann Nada qui arborait un très joli pull pour l’occasion (Dress code Kimmo oblige), tout comme David (Wee Wee) et Loïc (X-Or)…

Et uner petite photo de The Death Of Anna Karina pour finir !

The Death Of Anna KarinaL’Espace B – 07/01/2007

Soundtrack : Pinhead Gun Powder " Compulsive disclosure " / Shotwell " Celery, beef & iron "

Tuesday, February 06, 2007

Broken past leading nowhere

La musique mène à tout…

Je ne cautionne pas trop ce site de faux amis sur lequel tout le monde semble avoir subitement perdu 5 à 10 ans de sa vie sous couvert de s’offrir une nouvelle jeunesse et de paraître encore un peu dans le coup, mais quelques fois on y trouve quelques perles de taille, comme celle-ci avec laquelle j’ai bien failli m’étouffer de rire…

http://profile.myspace.com/index.cfm?fuseaction=user.viewprofile&friendid=140613398

Bon c’est sur que vu comme ça, ça ne présente rien de particulièrement drôle, et ce nom n’évoquera probablement pas grand-chose à la plupart d’entre vous, mais pourtant certains se souviendront peut être d’un certain Väder qui jouait de la batterie dans ce qui fut le tout premier groupe grind core français (Violent Noise Attack), mais également dans Montcharge (Groupe anarcho punk pré dis-beat pas très sérieux, comme peut le laisser présager la photo jointe, et dont je faisais également parti avec d’autres amis…) sous le nom de Kro ou Trentroï (j’ai quelques doute quant à son patronyme exact à l'époque, mais je pense que personne ne me tiendra trop rigueur si je me trompe...), dans Youth Of Tomorrow sous le nom de Salami, Ray-Bises ou Pursel (Et là, idem pour moi…), sans compter une flopée d’autres groupes éphémères aux noms plus débiles les uns que les autres tels que Vomissüre, Massacro ou Anthropophagous, ainsi que bien sur, de manière beaucoup plus sérieuse, en tant que guitariste de Constant Fear et Nomed.

Ceci dit, vu les antécédents, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’une nouvelle (mauvaise) blague (de son entourage) tendant à tourner en dérision l’actuelle vague de chanson française (à base de Bénabar, Sanseverino et compagnie…), mais j’ai toutefois quelques doutes sur le sujet… Parce que là, il y a de quoi être sérieusement fâché si tel est le cas !

Quoi qu’il en soit, en voyant ça, je me dis que j’ai bien fait d’attendre 2005 pour jouer dans un groupe qui tienne la route, sans quoi, je me demande où j’en serai aujourd’hui… Probablement, à écouter Yves Duteil moi aussi et chanter Brassens !
Montcharge – Sessions d’enregistrement – Juillet 89
De manière plus sérieuse, autant se quitter avec quelques photos d’Aussitôt Mort qui ont donné un chouette concert samedi à La Miroiterie qui pour une fois ne s’est pas terminé à 7h du mat chez l’ami Yann Nada
Aussitôt MortLa Miroiterie – 03/02/2007
(Par contre, là ça rigole moins !)
Aussitôt MortLa Miroiterie – 03/02/2007
(Ou tout moins un de ses 2 guitaristes...)
Aussitôt MortLa Miroiterie – 03/02/2007
(Quelques soucis de flash ce soir là...)
Aussitôt MortLa Miroiterie – 03/02/2007
(Là aussi, mais j'aime beaucoup !)
Soundtrack : Nomed " Signs of times / New project " (En souvenir d’une certaine époque) / Krull " Anguish " (Pour continuer dans les plaisanteries de mauvais goût !) / The Saints " I’m stranded " (Histoire de redresser un peu la barre quand même !) / Terminal State " Your rules 12'' EP " / Career Suicide " Discography vol.1 & 2 " (Le genre de disques qui me feront toujours penser, que non, y a pas moyen de décrocher de tout çà !) / Jerry’s Kids " Is this my world ? " (Malheureusement, ou bienheureusement, oui !)

Thursday, February 01, 2007

Punk Love



Les livres de photos couvrant des périodes bien spécifiques de l’histoire de la scène punk et hard core tant américaine qu’internationale ont été légion ces dix dernières années et continuent de fleurir avec une certaine constance et régularité.

Parmi ces nouveaux ouvrages, il en est dont j’attends la sortie avec une certaine impatience (prévue dans les prochains jours) celui de Susie J. Horgan intitulé " Punk love " documentant de manière très personnelle la naissance et l’éclosion d’une des scènes punk (et surtout hard core) les plus fédératrices de l’histoire de la musique, celle de Washington D.C., en l’orientant davantage dans ses rapports amicaux avec certains de ses membres les plus proéminents comme Henri Rollins et Ian Mac Kaye rencontrés alors que tous les 3 étaient encore de simples employés d’Häagen-Dazs comme en témoigne la photo ci-dessus les regroupant tous les 3 sur un même cliché…

Susie J. Horgan fut également l’auteur du célèbre cliché d’Alec Mac Kaye (Faith / Ignition / Warmers) qui servit de pochette au mythique premier EP de Teen Idles " Minor disturbance " qui augura les débuts de Dischord et une esthétique punk à base de simple " cut & past " qu’essayent encore d’imiter de nombreux groupes avec plus ou moins de succès…

Loin du sensationnalisme habituel (et bien que certains clichés soient déjà apparus dans de nombreux autres ouvrages tels que " Dance of days " ou " Banned in D.C. "), ce qui fait l’intérêt de cet ouvrage est la manière dont il arrive à retranscrire l’aspect humain et tout ce que véhicula cette scène en termes d’idées, voir d’idéologie ayant fait les fondements d’un esprit réellement D.I.Y. toujours en activité au sein du label et que de nombreuses personnes ont eu un peu trop tendance à oublier ces dernières années en se focalisant essentiellement sur une certaine forme de violence bien présente à l’époque, mais trop souvent mise en avant de façon racoleuse, au détriment des réelles valeurs qui animaient cette scène et continuent de l’animer 27 ans après, des valeurs de tolérance, respect, entre aide et indépendance s’appliquant bien au-delà du simple cadre musical.

Plus d’infos sur le livre : http://www.punklovebook.com/


Cet ouvrage étant agrémenté de notes d’Henri Rollins et Ian Mac Kaye, je n’ai pu résister au plaisir de vous joindre dans une note annexe, la très longue interview réalisée avec Ian Mac Kaye dans les bureaux de Chronowax il y a 3 ans et demie (D'où un certain nombre de réponses pouvant paraître un peu datée et surprenantes...) à l’occasion de la sortie du coffret Dischord qui fut partiellement publiée dans la presse spécialisée, et dans son intégralité dans mon propre zine mais une police illisible qui en rendit la lecture particulièrement difficile, retraçant à merveille les fameux points précités.

Une interview menée dans des conditions un peu particulières retracées en intro…


Soundtrack : Los Toreros " After Olé " (Un des premiers disques HxC européens que j’ai eu sur K7 et jamais réussi à trouver vu sa faible diffusion en dehors de l’Espagne même 3 ans après sa sortie. Il y a vraiment quelque chose avec ce disque ! A défaut de pouvoir le trouver dans sa version originale, vous pouvez le récupérer via 100 aspirines ( http://1000aspirines.com/ ), écoutez " Ratas " ou " Chicos de la calle " et vous comprendrez !)

30 Years Of Dischord Records

Et voici donc la fameuse interview telle que parue dans le zine, enjoy…

De part sa démarche artistique et intellectuelle, Ian Mac Kaye et son label Dischord fait partie des grandes figures emblématiques incontournables de la scène punk hard core américaines, au même titre qu’un Henri Rollins ( Black flag ), Jello Biafra ( Dead Kennedys ), Aaron Elliot ( Cometbus ) ou Tim Yohannon ( Maximumrocknroll ).

Profitant de la sortie du coffret triple CD célébrant les 20 ans du label Dischord, une courte session d’interviews fut organisée de manière impromptue juste après les quelques dates de Fugazi sur la perfide Albion. Limitée à 5 journaux, les prérogatives pour y assister furent pour le moins draconiennes...

Interlocuteurs triés sur le volet, devant montrer patte blanche et justifier d’une parfaite maîtrise du sujet. Quelque peu surpris par un tel réquisitoire ne correspondant pas du tout à l’image que je me faisait du personnage, j’ai hésité à prendre la peine de me déplacer de peur d’essuyer un refus et me couvrir de ridicule face à quelqu’un pour qui j’ai toujours eu énormément de respect. Ma curiosité a eu raison de ma timidité et j’ai pris mon courage à 2 mains pour lui poser toutes ces questions qui me hantaient l’esprit depuis plusieurs jours, pour ne pas dire plusieurs années et avoir une infime chance de revenir sur 20 ans d’activité d’un des labels les plus marquants de la scène punk. C’est ainsi qu’à l’issue d’une longue journée d’interviews données aux grand quotidiens de la presse hexagonale et près d’une heure et demie de retard sur le planning, j’ai finalement pu approcher ce grand monsieur !

Contrairement au tableau catastrophique que m’en avait dépeint les attachés de presse, il était à l’image que je m’en était fait, quelqu’un de très simple qui m’a accueilli avec beaucoup de gentillesse malgré mon anglais des plus basique, se souvenant même de notre brève rencontre 2 ans plus tôt à Dischord et au Black Cat à l’occasion d’un concert de Girls Against Boys et allant même jusqu’à retarder d’une heure son billet de retour pour que nous ayons pleinement le temps de converser. Mon calepin était rempli de questions et notes diverses. Nous avons commencé à discuter autour d’une tasse de thé en mangeant des fruits. Mon calepin est finalement resté fermé. Le temps a passé si vite que j’en ai oublié d’ouvrir mon calepin et par la même occasion une multitude de questions en suspend, mais pas d’enclencher mon magnétophone…

Vous n’avez fait que très peu de dates sur cette tournée…

Oui, on a juste joué en Irlande, Angleterre, et Irlande du Nord. Ce sont des concerts que nous devions donner cet été, mais nous avons dû les annuler suite au décès de la mère de Guy et les remettre à plus tard. Je suis resté quelques jours de plus pour donner des interviews et participer demain à un concert contre la guerre en Irak organisé par d’anciens membres de Crass.

En quoi consistera ta participation ?

Je ne sais pas trop en fait, je verrai demain. Je suis quelqu’un de très tacite et tangible, j’ai besoin de voir et sentir les choses avant de me lancer. C’est comme pour les concerts de Fugazi, je ne sais pas si tu nous as déjà vu ( plus d’une fois effectivement ), je suis quelqu’un de très présent et avisé, je joue en réaction avec le public. J’ai besoin d’être sur place pour savoir comment réagir. Je n’ai aucune idée de la manière dont les choses vont se passer demain. C’est dans un endroit très chic à Londres. Il y aura principalement des poètes, des orchestres de chambres, des chorales, des films. Je ne sais pas encore ce que je vais faire, j’ai besoin de voir comment les choses vont se passer. Cà n’aura rien de " rock " bien que ce soit organisé par des membres de Crass, ce sera plus une forme d’art punk ! Il se pourrait que je chante quelque chose, j’ai quelques morceaux en tête, des choses qui n’ont rien à voir avec Fugazi et que j’ai écrites au fil des ans. Je lirai peut-être un texte… Je ne sais pas encore.

T’a-t-on accordé beaucoup de temps pour çà ?

J’ai le droit à 5 minutes, c’est tout. 5 minutes sur scène pendant lesquelles je peux faire ce que je veux !

C’est un peu surprenant de te voir intervenir tout seul de la sorte…

D’une manière générale, j’ai toujours été réticent à me mettre en avant en tant que Ian Mac Kaye. Si tu regardes tout ce que j’ai fait par le passé, j’ai fait parti de groupes, de Dischord et je me suis toujours défini en tant que membre d’une communauté. C’est très rare pour moi de faire quelque chose en tant que Ian Mac Kaye. Même dans les interviews, je parle constamment au nom de ma famille d’extension. D’une manière générale, lorsqu’on me demande de faire ce genre de choses, j’ai pour habitude de dire non parce que je me sens beaucoup plus à l’aise en tant que membre de quelque chose. Mais en ce moment, face à la situation de crise actuelle je me suis demandé ce que je pouvais faire voyant que Fugazi n’était pas autant disponible que par le passé pour ce genre de manifestations. J’estime avoir encore beaucoup de choses à dire et à faire, bien que je sois très attaché à Fugazi, je suis absolument contre la guerre et je tiens à participer à tout ce qui peut promouvoir une démilitarisation. Je suis opposé à toute forme de guerre et plus particulièrement à ce non sens actuellement orchestré par les Etats-Unis. Je suis content d’y participer et de tenter l’expérience même s’il y toutes les chances que ma prestation soit minable. On verra bien, de toute façon c’est une bonne expérience.

Les prises de positions du gouvernement américain concernant la guerre en Irak ont-elles entraîné des initiatives similaires aux " punk percussion protests " à Washington auxquelles tu avais participé avec de nombreux activistes de la scène punk ?

Il y a bien évidemment eu de nombreuses manifestations et différentes formes d’actions en protestation contre la guerre mais pas à la manière des " punk percussion protests ". Les " punk percussion protests " auxquelles tu fais allusion correspondaient vraiment à une époque et ont perdu de leur sens en sortant de leur contexte. A la base, c’était pour créer une réponse à des mesures imposées par les forces de l’ordre. Nous voulions manifester devant l’ambassade d’Afrique du sud pour protester contre les mesures en faveur de l’apartheid. Mais la loi de l’époque faisait que l’on n’avait pas l’autorisation de manifester à moins de 200 mètres d’une ambassade. Toutes les manifestations anti-apartheid devaient donc avoir lieu à 200 mètres de l’ambassade ce qui nous paraissait totalement insensé. Il y avait des manifestations pratiquement tous les jours avec des arrestations, qui étaient en fait des arrestations convenues avec la police. Avant chaque manifestation, une liste de gens consentant à se faire arrêter pour la forme était remise aux forces de l’ordre, ces derniers les arrêtaient cérémonieusement à l’issue des manifestations avant de les relâcher dans la foulée. Notre position était de ne pas rentrer dans ce jeux hypocrite et nous avons cherché un moyen de contourner la loi. Premièrement, il était hors de question que nous demandions la permission de manifester à la police. Deuxièmement, il était encore moins question que nous leur donnions l’autorisation de nous arrêter. Troisièmement, quelle peut-être l’intérêt de manifester à 200 mètres du lieu concerné ? Notre objectif était de sensibiliser les gens de l’ambassade d’Afrique du Sud, c’est eux que nous voulions interpeller. Alors nous avons eu pour idée de prendre un véhicule avec une plate-forme à l’arrière sur laquelle jouerait un groupe, en l’occurrence Beefeater, et de remonter et descendre la rue de l’ambassade. Beefeater avaient un morceau intitulé " Apartheid No " avec un grand break de batterie. Ils devaient jouer ce morceau en boucle à l’arrière du camion en faisant des aller et retour devant l’ambassade. Nous voulions aussi utiliser la voiture d’un de nos amis qui avait un trou dans le plancher. Nous pensions nous en servir pour y faire couler de la peinture rouge en faisant également des aller et retour devant l’ambassade. Toute la chaussée serait ainsi devenue couleur rouge sang. Mais ce n’était pas possible, alors nous nous sommes dit " Attends un peu, si nous avons suffisamment de percussions à défaut de nous voir, au moins ils nous entendront ! ", et c’est de là qu’est partie l’idée des " punk percussion protests ". On a ainsi fait un certain nombre de manifestations de cette manière. Puis, ce qui s’est passé, certaines personnes à l’origine de ceci ont participé à d’autres manifestations puis ont été rejointes par d’autres personnes plus jeunes, elles aussi issues de la scène punk de Washington, qui ont adopté cette manière de protester et en ont fait un standard. Mais dans notre esprit, ceci ne correspondait plus du tout à son état d’esprit d’origine, et aux circonstances bien précise qui lui avait donné lieu. C’était un peu hors propos. Cà ne veut pas dire qu’il ne fallait pas le faire à nouveau, more power to them. Mais maintenant, si d’autres manifestations doivent avoir lieu, on peut trouver d’autres moyens de le faire. Il y a toujours eu une forme de dualité entre la police et les manifestants, mais quoi que tu fasses la police aura toujours le dernier mot en terme de violence. Ils ont des flingues et sont armés jusqu’aux dents. Face à la menace de mort, tu ne peux que perdre. Les manifestants doivent conserver l’avantage de la créativité pour agir psychologiquement. Ce qu’il faudrait maintenant, serait que les gens décidant de manifester trouvent des réponses spécifiques aux actes criminels de notre police qui sont totalement démesurés. Pour exemple, il y a environ un mois s’est tenue une manifestation à Washington en protestation à une réunion internationale concernant les accords mondiaux entre banques. Au cours de celle-ci 2 vitres ont été brisées, 2 vitres seulement. En retour, 600 personnes ont été arrêtées et mises en garde à vue pour 3 jours. C’est de la démence pure et simple. Notre police perd la tête. Les autorités sont folles et si les médias tenaient réellement leur rôle, ils en parleraient au lieu de se focaliser sur ces 2 vitres cassées. Mais c’est le monde dans lequel nous vivons…

A propos de violence et de conflits avec la police, de nombreux livres ont été publiés ces deux dernières années sur la scène hard core américaine mettant principalement en avant les nombreux affrontements auxquels elle donna lieu au moment de sa mise en place au début des années 80, tant en réponse aux forces de l’ordre qu’entre protagonistes de l’époque. Tu es bien évidemment mentionné dans la plupart d’entre eux, en as-tu lu certains ?

Non, et je n’en ai pas envie. J’ai juste lu " We got the neutron bomb " car je n’étais pas mentionné dedans. Je ne veux pas lire les livres dans lesquels je suis apparus.

D’une manière générale, as-tu été spécialement interviewé à cet effet ou tes interventions sont-elles de simple propos rapportés tirés de fanzines d’époque ?

Steve Blush m’a interviewé pour " American hard core ", Michael Azerrad l’a également fait pour " Our band could be your life ".

Pourquoi ne tiens-tu pas à lire ces livres ?

Et bien, j’étais là à l’époque donc je sais très bien ce qui s’est passé. J’ai ma propre prospective sur le sujet qui ne sera jamais la même que les auteurs de ces livres. Je n’ai pas envie de perdre mon temps à étudier des choses que j’ai pu faire par le passé, car je suis plus tourné vers le futur et tout ce que je peux être en train de faire en ce moment. Je comprends la démarche de Mark Andersen lorsqu’il a travaillé sur " Dance of days " et je respecte son boulot, mais le traitement historique est quelque chose de très sélectif et ce ne sera jamais l’exact reflet de la réalité. Chaque personne a sa propre prospective, et chaque écrivain son propre agenda. Tu le vois tout de suite en lisant " Dance of days " et " American hard core ". De nombreuses personnes se sont plaintes du contenu de " American hard core " et ont trouvé çà fou avec toutes ces narrations de gens passant leur temps à se battre.

Cà m’a effectivement un peu choqué en le lisant, j’avais une autre image de la scène hard core américaine, plus constructive et modérée...

C’est l’agenda que Steve Blush s’était fixé. Steve blush n’est pas vraiment un punk au sens où je l’entends, c’est un gars, une sorte de college kid qui a commencé à jouer dans des groupes et s’imaginait être une sorte de mauvais garçon ( bad ass ). Sa manière d’être un " mauvais garçon " était de s’associer avec des gens qu’il considérait comme tels. Obviously, il avait même fascination pour la violence que certaines personnes ont pour le porno. Pour parler de manière générale et imagée, les gens qui regardent des films porno sont des gens qui ne baisent pas. Je ne sais si tu vois où je veux en venir… Ce qui est un peu awful dans sa manière de procéder, c’est que ce sont des choses qu’il n’a jamais été capable de faire lui-même. Je sais exactement ce que j’ai dit dans les interviews que je lui ai accordées. Je n’ai pas lu son livre, mais je comprends tout à fait que certains de mes propos aient pu être mal interprétés en les sortant de leur contexte et avoir un aspect négatif. Cela vient avant tout des prospectives avec lesquelles Steve Blush a écrit ce livre.

Ce sont toutes ces images récurrentes de bagarres ultra violentes qui étaient troublantes dans ce livre…

Cette violence existait, elle était bien présente. Mais Steve a juste mis en avant ce que lui en pensait et non ce que j’en pensais réellement. C’est un penchant naturel du journalisme. Même toi en m’interviewant tu sélectionnera ce qui te paraît le plus pertinent selon tes propres perspectives, et Steve a des perspectives très étranges… Je ne pourrai jamais nier la violence de cette époque car elle était bien réelle et je ne la regrette pas. La violence est une mauvaise chose en soi, mais elle est quelques fois nécessaire. Je ne dis pas non plus que tous les actes de violence dans lesquels j’ai été impliqué étaient nécessaires. Répondre à la violence par la violence n’est pas une réaction intelligente. Quelques fois ce fut vraiment nécessaire, mais lorsque ce ne l’était pas, c’est là que je me suis rendu de mon erreur. Je pense que ma position sur ce sujet est très claire, mais il aurait été malhonnête de ma par de nier certains faits. Je l’ai appris tout çà sur le tas, mais j’ai arrêté de me battre dés 1984. Je ne sais pas si Steve l’a bien noté dans son livre. Il y avait beaucoup d’affrontements, c’est exact, mais je vais te dire ce dont il s’agissait. Lorsqu’il y a des changements, comme la foudre et le tonnerre ou 2 plaques tectoniques qui se rencontrent, cela donne des tremblements de terre, des créations de volcans. Une naissance se fait obligatoirement avec un minimum de douleur catatonique, parce que la nouveauté créé des frictions. Si tu as de nouvelles idées vraiment novatrices, elles se manifesteront par une certaine forme de violence en termes de rapports humains. J’aime autant te dire qu’être punk en 1979 çà voulait dire te faire insulter à chaque fois que tu mettais un pied dans la rue. Tu te faisais continuellement tabasser parce qu’ils trouvaient çà marrant, alors tu te battais à ton tour. Cette violence avait un sens visuel de puissance qui n’était pas très saine. C’est intéressant car elle te permet de te sentir bien pendant quelques instants, mais la violence entraîne encore plus de violence et automatiquement t’amène sur des territoires encore plus stupides. La première fois que l’on te rentre dedans et que tu réponds, tu te dis " Ouais, putain de ouais ! ". Est-ce que tu t’es déjà fait insulter par un automobiliste qui te dépasse en te gueulant après ? J’aime autant te dire que si tu te mets à lui courir après et que sa voiture se retrouve bloquée un peu plus loin à un feu rouge ou à cause des embouteillages et que tu te places en face de lui en lui hurlant après à ton tour, il se dira probablement qu’il a fait chier la mauvaise personne. C’est évident que çà ne mène nulle part, et peu importe l’état de réflexion que tu puisses y apporter, on ne rationalise pas la violence ! J’ai ma propre philosophie sur le sujet, " réduit l’ego en pièces, pas le corps ! " ( " bruise the ego, not the body ! " ). Je me suis battu c’est sûr, mais je n’ai jamais rien cassé à personne, je n’ai jamais voulu tuer personne. J’ai toujours voulu montrer que je n’avais pas peur d’eux. J’ai rompu la glace en me battant à mon tour pour détruire leur ego. Plus j’y pense et je me dis qu’il faut toujours garder le contrôle, mais premièrement, il y a peu de chances que tu puisses y arriver. Il est impossible de garder le contrôle sur soi-même et sur les autres. On se faisait du mal et je me sentais responsable car on en arrivait toujours à se battre et je ne faisais rien pour les décourager non plus. Mes propres bagarres encourageaient les autres à se battre et c’est là que je me suis dit que c’était une connerie monstre et que çà devait s ‘arrêter. La violence est une forme de communication très affective mais elle t’entraîne dans la stupidité. Tu ne peux rien construire sur la violence, tu ne fais qu’attirer l’attention des gens.

Tu n’as jamais songé à écrire ton propre livre sur l’histoire de Dischord et de la scène hard core de D.C pour donner ta version des faits ?

Il se pourrait que je le fasse, j’y pense. J’ai déjà écrit le livre accompagnant le coffret célébrant les 20 ans de Dischord, ce qui en donne un bon aperçu.

Qui a écrit quoi dans ce livre, car tu es crédité au même titre que Jeff Nelson sans précision sur la répartition de votre travail ?

J’ai écrit tous les textes concernant les groupes à l’exception de High back chairs dont Jeff s’est occupé. Pour le reste, c’est un peu tout les deux avec une bonne part attribuée à Jeff. J’ai vraiment envie d’écrire quelque chose et je le ferai probablement un de ces jours, peut-être bientôt, je n’en sais rien. Je n’ai aucune idée de ce que ce sera. Je ne sais même pas ce que je ferai demain tant que je ne verrai pas l’endroit. Le problème que j’ai avec l’écriture, c’est que j’ai besoin de savoir à qui je m’adresse. Lorsque tu écris c’est la même chose que lorsque tu discutes avec quelqu’un. Regardes, j’ai fait 5 interviews aujourd’hui et aucune n’est semblable parce que toutes les personnes qui m’ont interviewé étaient différentes. Je discute avec toi comme je ne le ferai avec personne d’autre. Je réagis en fonction de l’instant présent, alors si je veux écrire j’ai besoin de savoir à qui je m’adresse !

Est-ce que tu tiens un journal de bord comme beaucoup d’écrivains et même de musiciens ?

Je l’ai fait mais j’ai arrêté. J’ai tenu un journal de bord de 1984 à 1994. J’y écrivais tout les jours ce que j’avais fait le jour même. J’ai arrêté le jour où je me suis surpris à écrire dans mon journal " Hier j’ai écrit dans mon journal ". J’y ai réfléchi et j’ai arrêté. C’est comme de regarder son reflet dans un miroir reflétant un autre miroir lui-même reflétant un troisième miroir et ainsi de suite. C’est ce que j’ai pensé, j’écris dans un journal que j’ai écrit dans un journal. C’est de la documentation devenant un mode de vie, j’écris sur de l’écriture… L’écriture devient son propre régénérateur. C’est quasiment du feedback. Le lendemain j’aurai écrit " hier, j’ai écrit que j’avais écrit. " et le jour d’après " Avant-hier, j’ai écrit que j’avais écrit que j’avais écrit. ", alors j’ai tout arrêté. Je devrais recommencer à écrire. Ma mère, qui voulait que je sois écrivain dans un premier temps, disait " Quand tu écris, même dans un simple journal de bord, tu dors mieux, parce que tu n’as plus à penser à toutes ces choses que tu as mises sur papier. Tu n’as plus besoin de t’en souvenir et de t’encombrer l’esprit avec car tu l’as consigné sur papier. " Ma mère a toujours eu de très bonnes idées, elle est très smart.

Tu es issu d’une famille nombreuse ?

J’ai un frère et 3 sœurs.

On connaît surtout Alec ( Faith, Ignition, Warmers ) et Amanda ( Sammisch records )…

Ma sœur aînée Kelly était en fait dans le punk rock avant j’y rentre. Elle m’a laissé quelques-uns de ses premiers disques. Mon autre sœur aînée Suzanna n’était pas dans le punk rock mais n’en était pas moins totalement radicale. Elle est très concernée, elle travaille dans une prison en tant que conseillère ( conselor ? ). C’est un travail très social. Elle enseigne l’auto défense pour les femmes. Elle est très forte ( tough ). Kelly est poète et linguiste, tout comme Suzanna. Toute ma famille joue avec les mots. Mon père et ma mère sont tout les deux écrivains, mes 4 grands-parents étaient écrivains, tout le monde écrit.

Vous semblez tous très proches…

C’est exact. Ma famille est très inhabituelle. Suzanna est la seule d’entre-nous à ne pas habiter Washington. Mon père, ma mère, Kelly, Alec, sa femme Leary, Amanda et moi dînons ensemble tous les dimanches soir, et j’essaie de voir ma mère au moins une ou deux fois par semaine pour jouer aux cartes avec elle, discuter. Nous sommes une famille très soudée. Ils habitent toujours au même endroit, la fameuse adresse de Dischord sur Bleecher street où je vais régulièrement récupérer mon courrier.

Pour en revenir au coffret célébrant les 20 ans de Dischord, Le 3ème CD uniquement constitué d’inédit est principalement axé sur les tout premiers groupes du label ( Teen idles, S.O.A., Minor Threat, Government Issue, Scream, Marginal Man… ), pourquoi ?

Ben, c’est un CD de titres inédits. La plupart des groupes plus récents ont énormément de titres inédits, car c’est une époque très différente. Au tout début du label, il était très rare que les groupes puissent enregistrer. Il y avait peu de moyens. Maintenant avec tous ces logiciels utilisables sur un simple ordinateur, les groupes enregistrent à tour de bras, continuellement. Nous avons commencé le label pour lui donner une signification historique, c’était plus intéressant de revenir sur les débuts de Inner ear et les premiers enregistrement de Minor Threat que de ressortir un inédit de plus de Bluetip. D’un point de vue historique, c’est beaucoup plus intéressant. Je voulais que ce CD reste cohérent et ne soit pas trop long. Personnellement je trouve que les CD de 60 ou 70 minutes sont quasiment inécoutables en entier. Je l’ai laissé faire sur les 2 autres CD’s car il n’y avait pas d’autre moyen de faire rentrer 50 morceaux sur 2 disques qu’en les mettant sur 2 CD’s de 70 minutes. Le troisième CD se devait d’être un disque écoutable facilement dans le sens où c’était l’occasion d’y présenter toute une série de titres inédits pas forcément très bien enregistrés. Ce qui s’est passé, c’est également que nous avions une tonne de titres inédits de Teen Idles, S.O.A., etc, mais rien d’Embrace, de Rites Of Spring, Soulside, Beefeater. Nous avions déjà tout sorti sur CD. C’était weird mais on ne savait pas où s’arrêter en terme de ce que nous devions conserver sur K7.

Comment as-tu fait pour récupérer tous ces enregistrements inédits ? T’es-tu fait aidé par d’autres personnes comme Henri Rollins qui semble être un véritable archiviste en la matière ?

Non, j’ai tout fait à partir de mes propres K7. J’ai dû en remixer certaines car tous les masters avaient disparu. C’était très cool de pouvoir retravailler de vieux morceaux de Teen Idles par exemple.

Pourquoi ne pas avoir mis de titres de ton tout premier groupe, The Slinkees ?

Il n’existe que 2 enregistrements de cette époque, qui sont en fait 2 repets sur K7. On aurait probablement dû le faire, mais on ne l’a pas fait !

Tu parlais de Soulside et Beefeater un peu plus tôt, mais ils ont chacun un album qui n’a jamais été réédité, penses-tu les ressortir un jour sur Dischord en CD ?

Effectivement, il y a " I need a job " de Beefeater qui est totalement introuvable mais il est sorti sur un autre label. Je n’ai pas les bandes et elles ont probablement disparu avec les gens qui s’occupaient du label. Mais si j’ai l’occasion de remettre la main sur ces bandes, je ressortirai ce disque c’est sûr ! Bien qu’à la réflexion, il se pourrait que je les ai, il faudrait que je vérifie. Actuellement, nous avons en projet la ressortie du premier album de Soulside avec le split EP de Lunchmeat et Mission impossible ( tout premier groupe d’un certain Dave Grohl… ) sortis sur Sammisch records. J’en ai récemment parlé avec Amanda et elle m’a dit qu’elle avait également retrouvé les bandes du premier album de Shudder To Think ainsi que de leur premier EP. On va essayer de ressortir tout çà pour qu’ils soient de nouveau disponibles pour tout le monde. Je suis content de les ressortir à partir du moment çà peut intéresser suffisamment de gens. Même s’ils sont juste tirés à 1000 exemplaire, je m’en fous. Je n’ai pas l’objectif d’en vendre le plus possible. A partir du moment où çà peut faire plaisir à des gens qui cherchent ces disques, je suis content de les sortir. La seule chose que je veux éviter c’est bien évidemment de perdre de l’argent dessus. Même si on rentre juste dans nos frais, c’est parfait ! On continue de débroussailler le passé. Je pense également sortir la démo d’Artificial Peace que j’avais enregistrée.

Elle est pourtant sortie il y a environ une dizaine d’années sur le label allemand Lost & Found avec une autre démo. Etait-ce un disque officiel car ce label n’a pas toujours bonne presse sur le sujet ?

C’était du quasi officiel…

Un de ses tout premiers disques était le EP " Live at buffhall " de Minor Threat, était-il officiel lui aussi ?

A peu près… je connaissais le gars qui s’occupait du label. Il m’a demandé s’il pouvait sortir ce EP, on en a discuté, puis il nous a proposé de nous envoyer 10% du pressage en paiement. Il nous en a envoyé 100 en disant qu’il en avait pressé 1000, mais en réalité je ne sais vraiment combien il a pu en presser exactement. C’était un peu foireux. Tout ce que je peux en dire c’est que n’était pas quelqu’un de très communicatif. Je n’en garde aucune rancœur, les disques pirates ne me dérangent pas.

Il y en a pourtant eu un bon paquet vous concernant tant pour Minor Threat que pour Fugazi, ou de nombreux groupes de D.C. comme Faith, Void ou Youth Brigade… La démo de Minor Threat a d’ailleurs dû être bootleggée au moins 3 fois sous des format différents…

Vraiment ? Qu’importe, je pense que nous allons ressortir cette démo de Minor Threat nous aussi sous forme de EP.

Cà a déjà été fait il y a plus de 10 ans en EP bootleg…

Le notre aura un meilleur son, de toute façon c’est moi qui détient les bandes originales ! Actuellement, j’ai vraiment envie de les remasteriser, ces versions sont vraiment incroyables. Elles sonnent à merveille, j’en suis réellement content. Nous travaillons aussi actuellement sur un DVD de Minor Threat qui devrait regrouper le fameux concert au 9.30 déjà disponible en VHS ainsi que le Live at Buffhall dont tu parlais. J’ai une vidéo du concert en entier. J’en ai le master. J’ai récemment retravaillé tout çà en studio et çà rend vraiment bien. J’en suis très content. Il y aura peut-être aussi dedans une interview que j’avais donnée en 1983, je suis en train de réfléchir si je la mets car c’est une interview un peu folle.

J’espère qu’il y aura une meilleure qualité d’image que les vidéos sur le CD de titres inédits du coffret…

Oui, bien sûr. Je les adore ces vidéos. Ce sont des documents historiques. La vidéo des Untouchables, je la trouve fantastique. On dirait un vieux film 8mm. J’en suis très content. The Untouchables était un groupe incroyable. C’est Brendan qui a eu l’idée de ces vidéos. En tant que documentaire il nous a dit qu’il fallait à tout prix que l’on rajoute quelques vidéos. Du coup on en a mis 6. As-tu vu celle de Deadline avec Brendan Canty, et Guy qui essaie de se débrancher, c’est trop drôle ! Ils ne veulent pas jouer. C’est Insurrection, le premier groupe de Guy. Ils essayent d’éteindre la caméra, c’était la première performance musicale de Guy. Très drôle et intéressant.

Toujours à propos des 20 ans de Dischord, pourquoi vous être mis à remasteriser toutes vos premières sorties CD ( Dag Nasty, Rites Of Spring, Embrace, Scream… ) ?

Il y a eu 2 raisons. La première est que la technologie de transfert de bandes audio sur CD’s n’était pas très bonne au tout début où nous avons commencé à faire nos sorties CD, et elle est devenue nettement supérieure. L’autre raison est que les sources musicales que nous avions utilisées pour nos premiers CD était les masters qui avaient servi aux vinyls. Ces masters sont très limités en termes de son car le vinyl a une capacité limitées lui aussi. Ce qui est vraiment bien avec le CD c’est que tu peux monter la puissance à son maximum, tu as une meilleure résolution du son. Le défaut majeur de nos premiers CD’s aurait pu être comparable à l’utilisation d’un écran télé plasma haute définition pour visionner un vieux film en noir et blanc. Cette nouvelle technologie CD et le remastering permettent de donner une nouvelle dimension à ces enregistrements. Ce qui s’est passé, c’est qu’il y a 2 ans lorsque j’ai fini le master des 2 compils du coffret, je me suis occupé du mastering moi-même et j’ai comparé les titres remasterisés à leur version CD, comme pour " Blueprint " par exemple. Je me souviens, je me suis passé sa version du CD " Repeater ", puis celle remasterisée pour la compil, c’était le jour et la nuit ! Je me suis dit qu’il fallait que l’on remasterise tout.

Vous allez vraiment remasteriser tout votre catalogue ?

Tout ce qui est en provenance de pressages vinyls. Le Rites Of Spring par exemple sonne tellement mieux une fois remasterisé ! J’en suis vraiment très très content ! Si tu veux t’en rendre compte fais-moi, passe toi la version de " Blueprint " du coffret, puis celle de " Repeater " sans changer de volume. Laisse-le tel qu’il est et tu te rendra immédiatement compte de ce que je veux dire. Ultimately, ce coffret et le travail de remastering sur tout ces disque est une manière de rendre honneur à la musique. La musique a toujours été le but premier de notre label. C’est tout ! Sans groupes, il n’y a pas de label, sans musique, il n’y a pas de groupes. La musique en est le point principal. Ce n’est pas juste une question de packaging, nous cherchons avant tout à rendre hommage à la musique. Nous voulons montrer notre dévotion à une forme attention dédiée à la musique et de continuer à la présenter sous sa meilleure forme possible. Je suis vraiment très content ( fier ? ) de cet aspect des choses. A l’instar d’autres labels nous avons vraiment une démarche historique dans le sens ou nous continuons d’exister tout en préservant le passé.

Une des caractéristiques principales de Dischord est de s’être toujours axé sur la scène locale, celle de Washington, à l’exception de Trusty qui purent être sur le label après avoir quitté l’arkansas pour DC, vous n’avez jamais pensé à créer une subdivision du label pour signer d’autres groupes ?

J’ai suffisamment de travail comme çà, je n’ai pas besoin de davantage. J’ai déjà un label, un groupe, et une compagnie de distribution.

Comment se passe le choix des labels avec lesquels vous avez effectué des co-réalisations, comme Slowdime, Sammisch, Superbad et tant d’autres ?

Cà dépend. Soit ils nous le demandent ou on leur propose notre aide spontanément.

Quel est le rôle de Dischord dans ces co-productions ?

Là aussi çà dépend, il n’y a pas de règles particulières. Par le passé nous prenions le relai sur le pressage et la distribution mais çà ne fonctionnait pas très bien. Je pense que les gens ont besoin d’un minimum de responsabilités pour s’investir dans un projet. Sortir un disque est une sorte de pari, tu y investi une certaine somme d’argent en espérant récupérer ta mise de départ. Je veux que les labels avec lesquels nous travaillons aient conscience qu’il s’agit de leur argent et qu’ils soient prêts à se lancer dans l’aventure. Si je prends en charge tout le P.& D. ( Pressage et Distribution ), ce n’est pas leur argent qui sera directement mis en jeu et ils ne se sentiront pas pleinement concernés. Ils ne s’investiront pas autant dans leur business. Si le montant qui revient en retour est ridicule, je refuse d’en avoir la responsabilité. Je me fous de savoir combien vendra un disque, 1000 exemplaires, 10 000 ou 100 000. Cà ne fait aucune différence pour moi. J’aime beaucoup plus certains disques qui se sont vendus à 1000 copies que d’autres qui se sont écoulés à des millions d’exemplaires. La seule chose à laquelle je fais très attention est si je presse à 1000 exemplaires, je veux être sûr qu’il y aura 1000 personnes intéressées par ce disque et non 10 000, et si je presse à 10 000 être sûr qu’il y aura bien 10 000 personnes pour l’acheter et pas seulement 1000, et à 100 000 si je suis sûr que 100 000 personnes l’achèteront et pas 10 000. C’est toujours la même chose. La valeur d’un disque à mes yeux n’a rien à voir avec ses ventes, quelques uns de mes disques préférés n’ont été pressés qu’à 500 exemplaires. Et çà me va tout à fait.

Etais-tu un collectionneur de disques en étant plus jeune pour posséder de telles pièces ?

Collectionner est un mot beaucoup trop fort, je possède beaucoup de disques parce que je suis fasciné par la musique. Les seuls disques que j’ai réellement collectionnés activement étaient ceux du label Dangerhouse, le label de Los Angeles qui a été une grande source d’inspiration pour nous. Avengers, The Dils, The Bags, The Germs, X, The Weirdos, Randums, Eyes, Black Rhandy, ourf works ?, The Dead Beats, The Alley Cats, tous ces disques étaient incroyables. Ce label n’a sorti que 12 ou 13 EP’s et 2 LP’s. Leur esthétique était superbe, il y avait un feeling spécifique à chaque disque. Tous ces groupes venaient de Los Angeles, côte ouest ou secteurs de L.A.. J’adorais çà. Une magnifique source d’inspiration. C’est amusant, car Dangerhouse, je ne connaissais rien de leur label, je me contentais d’acheter leurs disques, et par la suite je me suis rendu compte de similitudes avec nous. Je sais maintenant comment ils fonctionnaient. Les gens ont toujours cette image de la Dischord House comme d’une véritable maison abritant le label, ce qui est vrai. Et bien, il y avait réellement un endroit qui s’appelait Dangerhouse et qui fonctionnait de manière similaire avec le staff du label. Je ne les ai jamais rencontrés mais j’aimerai beaucoup le faire, voir ce qu’ils sont devenus.

Achètes-tu toujours beaucoup de disques ?

Oui, je continue d’en acheter mais j’ai des goûts très particuliers. Je n’ai pas beaucoup de temps libre pour faire du shopping, et je n’aurai définitivement pas le temps de tout écouter. J’ai des milliers de disques que je n’ai toujours pas écoutés. Mais il y a quelques disques de Grand Holmes que j’aimerais bien avoir. C’est un groupe anglais des années 70 jouant une sorte de blues rock. Je suis un fanatique de Jimi Hendrix. Il doit y 70 ou 80 disques pirates live, et je les possède tous. J’adore Hendrix. J’aime aussi les pirates des Beatles et ce genres de trucs. En ce qui concerne les groupes punks, je m’intéresse surtout aux rééditions. Il n’y a rien qui me branche réellement dans les groupes actuels, çà ne me parle pas trop. Cà ne veut pas dire qu’ils soient mauvais. La musique sur laquelle j’ai craqué, certains disques qui m’ont renversé, je pourrais toujours les écouter. Je n’ai pas envie d’écouter des choses ressemblant à ce que j’ai aimé. Les groupes actuels sont plus importants parce qu’ils existent. J’aime les voir sur scène mais en termes d’enregistrements studio je préfère m’écouter Black Flag ou d’autres groupes marquant de cette époque.

A propos de Black Flag, as-tu jeté une oreille sur le tribute " Rise Above " qu’Henri Rollins a récemment sorti ?

Oui, elle est incroyable ! C’est fou. Henri me l’a envoyée, j’ai été vraiment impressionné. Je dirais, ce qui est incroyable avec cette compil, à mon sens, le fait que ce soit le groupe d’Henri Rollins, Mother Superior qui sont de très bons musiciens. Ce qu’ils ont fait c’est qu’ils ont essayé de reproduire les morceaux de Black Flag le plus fidèlement possible mais ils ont échoué sur 2 points : le premier est que les morceaux, qui sont de très bons titres, ont été vraiment réarrangés, mais tu rends aussi compte que personne ne peux jouer comme Greg Ginn à part Greg Ginn, personne ne peut jouer comme Chuck Duckowski à part Chuck Duckowski, et personne ne peut jouer comme Robo à part Robo. C’est vraiment cool que ces gars aient réussi à y insuffler leur propre énergie pour en faire leurs propres version, çà redonne en quelque sorte un peu de force aux morceaux. Cà donne à ces morceaux une perspective différente. Mais aussi bonnes soient-elles, ces nouvelles versions ne pourront jamais égalé les originales. J’ai tout de même été très impressionné. Habituellement, je n’aime pas trop ce genre de disques, toutes ces compils hommage ne m’interpellent pas, mais celle-ci le fait vraiment bien, certainement aussi parce que ce sont avant tout des morceaux de Black Flag.

Il y a une dizaine d’années était sorti un album tribute reprenant en entier l’unique album d’Embrace ( groupe ayant précédé Fugazi avec Ian Mac Kaye et les membres de Faith / Ignition ), l’as-tu écouté ?

Oui, je m’en souviens. C’est sorti il y a des années. La seule idée intéressante étaient d’avoir gardé le même ordre que sur l’album original mais la plupart des morceaux avaient perdu de leur âme. En revanche, il y a eu une compil française de reprises de Fugazi que j’adore. Elle est incroyable, c’est mon disque de reprises préféré. Les versions sont tellement barges, je les adore ! Elles sont si personnelles, c’est le principe d’une bonne reprise.

Lorsque je suis passé à la Dischord house il y a 2 ans, j’ai été surpris de constater que ce n’était pas si grand que çà pour un label aussi important, où stockez-vous tous vos disques ? Laissez-vous une partie du pressage à la charge de vos distributeurs ?

On fonctionne de différentes manières. Dischord a un deal de production avec Southern Studios à Londres qui ont également des bureaux à Chicago. La majorité des disques de Dischord sont pressés par leur intermédiaire à Londres ou Chicago. Mais vu que nous distribuons aussi ces disques, nous en récupérons une partie. Nous pressons aussi nous même nos propres disques comme par exemple le CD posthume de One Last Wish, Happy Go Licky, Make Up " In the city ", le Nation Of Ulysses " Ambassady tapes ", " 6 old 7’’ on a CD ". Nous avons sortis ces disques nous-même, nous les avons pressés, stockés, distribués. Nous avons aussi les autres labels que nous distribuons, c’est très variable. Nous n’avons pas de répartition spécifique.

Pendant longtemps apparaissait sur vos disques distribués en Europe la mention " Made in France " ce qui était quelque peu surprenant…

C’est parce qu’en 83 ou 84, lorsque nous avons sorti " Out of step ", mars 83 à vrai dire, à cette époque nous fonctionnions sur la base de pressages de 1000 copies suivant le même principe que les EP’s, et tous les groupes attendaient à tour de rôle que leurs disques soient pressés ou repressés. Le EP de Minor Threat 1000 copies, puis le EP de Government Issue 1000 copies, Minor Threat 1000 copies, Youth Brigade 1000 copies, Flex Your Head 1000 copies, Faith / Void 1000 copies, SCREAM 1000 copies, puis au moment de sortir " Out of step " la demande était tellement forte 3000 / 3500 copies et excessive qu’à peine les disques ont été pressés ils étaient déjà écoulés. Nous devions sortir le 12’’ de Faith " Submit to change " juste après à 1000 copies, mais nous n’avions plus d’argent. Nous avions tout dépensé avec les 3500 copies de " Out of step " que nous venions de presser. Les disques avaient beau avoir été tous vendus, les distributeurs ne nous avaient pas payés et nous n’avions plus d’argent. Nous avions un sérieux problème car même si nous avions de la demande sur le Faith / Void nous n’avions pas l’argent pour le represser. Si nous récupérions notre argent, nous ne savions pas si nous devions represser le " Out of step " que nous étions sûr de vendre ou sortir le disque de Faith parce que ces derniers attendaient depuis longtemps. C’est à cette époque que nous avons essayé de trouver une solution car nous étions coincé avec les usines de pressage qui nous demandaient de payer cash à livraison de la marchandise. C’est à ce moment que nous avons reçu un coup de fil de John noodle qui dirige Southern studios, il avait fait partie de Crass , avait écouté Minor Threat et adorait. Il se demandait s’il aurait été possible de le presser en Angleterre pour le vendre sur place. Il est venu aux Etats-Unis et a débarqué directement au concert de Minor Threat à New York. On a discuté de son idée, et on lui a proposé " Ecoute, si tu presses " Out of step " pour l’Angleterre, est-ce que tu pourrais en presser 2000 de plus et nous les envoyer parce que nous n’avons pas les moyens de le represser actuellement pour les Etats-Unis. ". Il a accepté et çà a été le début de notre association. Il avait des tarifs très avantageux. Cà nous revenait beaucoup moins cher de presser en Europe qu’aux Etats-Unis, en plus nous avions la possibilité de payer en différé. C’était même moins cher de presser là-bas et de payer les frais de port jusqu’ici que de presser directement aux Etats-Unis. C’est ainsi que nous avons décidé de travailler avec lui et çà a été le début de notre partenariat.

Certains de vos disques les plus anciens comme la compil Flex your Head ou le split LP Faith / Void sont toujours pressés en vinyl alors que beaucoup d’autres datant de la même époque ne le sont plus comme le " Identity " de Marginal Man ou le " Submit to change " de Faith, pourquoi ?

Parce que l’on n’en vend pas assez pour se permettre de les represser éternellement en vinyl. On en vendrait peut-être maintenant qu’ils sont restés longtemps introuvables en vinyl, mais à lépoque on n’en a pas vendu énormément. Quant aux autres disques, c’est parce que l’on en vend encore régulièrement que l’on continue de les presser. Flex Your Head se vend toujours très bien, idem pour le split Faith / Void, mais le " Submit to change " de Faith a arrêté de se vendre depuis des années, je ne sais pas pourquoi. Peut-être que maintenant il revendrait, mais à une époque il ne vendait plus du tout. C’est important de le dire car çà fait partie de choses que l’on nous reproche. Par exemple, on sait très bien que l’on ne vendra plus de vinyls de Ignition. Des gens voudront peut-être en acheter mais pas suffisamment pour çà justifie un repressage. Il faut aussi savoir qu’un vinyl revient beaucoup plus cher qu’un CD à la fabrication, et c’est une vrai galère. L’artwork revient plus cher également. Le fait est que nous avons dû monter le prix de nos vinyls au même niveau que celui de nos CD à cause de tout çà. Cà a été une grande discussion au sein du label parce que théoriquement et spirituellement un vinyl est supposé être moins cher qu’un CD mais il coûte beaucoup plus cher à la fabrication et en frais de transport, alors fuck ! Il faut être réaliste. Nos CD sont vendus 10 $, idem pour les vinyls. J’ai fait une comparatif avec les tarifs des autres labels dans les magazines, et je me suis rendu compte que tous vendaient leurs vinyls à peine 1 $ moins cher que leurs CD’s, je me suis dit merde autant tout mettre au même prix. On est parti sur ce principe en se disant on verra bien ce que çà donne.

Tu as produit très tôt de nombreux groupes, comment as-tu appris ton travail de producteur ?
Est-ce Don Zenteria des Inner Ear studio qui te l’a enseigné ?


Don était notre ingénieur du son, moi j’étais généralement à côté à discuter et à l’écouter. Je ne savais pas comment fonctionnait un studio mais j’étais plutôt bon pour communiquer. Je comprenais ce que les groupes voulaient, et ce dont Don avait besoin. J’étais un bon intermédiaire. J’ai le goût pour çà et ma propre idée de ce qui bien et ne l’est pas, j’ai mon style et ma propre esthétique.

Choisis-tu les groupes que tu produis ?

Par le passé j’étais énormément sollicité, un peu moins récemment. Je ne demande rien lorsque je produis un groupe, je ne suis jamais payé. Je le fais gratuitement, comme çà il n’y a pas de considération de business. Spécifiquement, je ne travaille que sur des projets qui m’intéressent car je suis trop occupé par ailleurs. Lorsque les gens me demandent, je réponds généralement que je suis trop occupé, ce qui est le cas. Je dois enregistrer un groupe qui s’appelle Black Eyes le week end prochain. Je suis assez impatient de le faire. Sans çà, le dernier disque sur lequel j’ai travaillé était le Q And Not U, qui est très bien. Ils ont d’ailleurs joué avec nous lundi dernier, c’était très bien. Ils sont fantastiques !

Comment es-tu rentré en contact avec eux ?

John Davis leur batteur jouait dans un groupe qui s’appelait Corm, avec de jeunes types du Maryland qui devaient avoir 14 ou 15 ans. On avait discuté ensemble, ils voulaient sortir un EP et je les ai aidé à produire leur premier single qui est sorti sur leur propre label, sup recordings je crois. C’est comme çà que j’ai fait la connaissance de John. On avait l’habitude de jouer ensemble au softball tous les mardi soirs avec Kim Coletta de Jawbox, et d’autres gens. John venait jouer avec d’autres gamins, les membres de Q And Not U, c’est comme çà que l’on a lié connaissance. J’ai également rencontré Jeff de Smart Went Crazy à ce jeu de softball. C’est amusant. C’est moi qui leur ai demandé s’ils voulaient sortir leur album sur Dischord.

Comment fonctionnes-tu avec les groupes sur Dischord, as-tu été amené à leur faire signer un contrat comme d’autres labels qui ne le faisaient pas par le passé tels Look Out ou Epitaph ?

Non, il n’y a aucun contrat de signé, ni même de poignée de main symbolique. C’est un accord verbal. Il n’y a définitivement aucun de contrat musical de signé entre-nous.

Que penses-tu de la manière dont certains labels comme Epitaph ou Fat Wreck ont été amené à fonctionner après l’explosion du punk rock ?

Je n’y prête pas attention. Ce n’est pas mon problème, c’est le leur. Ce qui m’intéresse n’a rien à voir avec eux, ce n’est pas la même chose. Je n’ai aucune envie d’avoir à m’impliquer dans des querelles d’ histoires d’argent, et je ne veux définitivement pas avoir à traiter avec des avocats. Parce que c’est une véritable calamité ( pain in the ass ), et une calamité qui coûte cher. Alors j’ai décidé depuis longtemps que si je devais avoir la moindre embrouille avec un groupe et qu’un contrat était demandé pour trouver un terrain d’entente, je ne voulais pas en entendre parler. S’il devait y avoir le moindre litige, je leur donnerai ce qu’il veulent, je leur rendrai leurs enregistrements pour qu’ils aillent voir ailleurs. Je ne rentrai pas dans la moindre polémique.

As-tu déjà rencontré ce genre de problème ?

Non, jamais. Il y a juste eu The Make Up qui sont partis. Ils voulaient se faire plus d’argent, alors ils sont partis sur K records.

Comment cela s’est-il passé avec Shudder to Think lorsqu’ils sont passé sur une major ?

Pas si mal que çà. Ils voulaient tenter l’expérience du passage sur une major. Je pense que c’était une erreur, mais je ne suis pas dans le groupe.

As-tu aimé leur album ?

Je n’aime pas les disques qui sont sur des majors. Ce n’est pas que les morceaux soient mauvais, je les connaissais déjà et ce sont de bons morceaux. Mais j’ai décidé en 1979 lorsque je me suis impliqué dans le punk rock d’éteindre ma radio et de ne plus jamais la rallumer. Il y a tellement de groupes ( musique ? ) incroyables dans le monde qui ne seront jamais sur des majors. Je n’ai déjà pas suffisamment de place dans ma tête pour écouter tous ces groupes underground incroyables de jazz ou de musique indépendante sous toute ses formes circulant à travers le monde. Je n’ai pas de temps à perdre avec les groupes sur des majors, je n’ai pas envie de les écouter, à l’exception de Jimi Hendrix et des Beatles. Je ne suis réactif qu’à une forme de musique sortant ( émanant ) d’un certain contexte et de salut. Ces chansons sont tellement formatées, on sent trop le besoin d’en sortir un hit potentiel, et çà ne présente aucun intérêt à mes yeux. Je m’en fous. Ce que je recherche à travers la musique, c’est de ressentir quelque chose.

Il n’y a que peu de disques live sur Dischord dont un est la seule trace d’existence du groupe ( Happy Go Licky ), vous n’aimez pas les enregistrements live ?

Pour Happy Go Licky, c’était effectivement la seule trace existante du groupe. The Make Up ont un faux live et un second intitulé " After hours " enregistré à Londres. Il y a quelques titres live de Teen Idles sur le EP, 2 titres live de Soulside. Il y a peu de demande sur les enregistrements live. Je ne prends aucune décision sur ce que les groupes doivent sortir, cela reste toujours leur propre décision. Avec Fugazi nous avons tellement d’enregistrements live de bonne qualité que nous ne saurions par où commencer pour en faire une sélection, personne d’entre nous n’en a jamais eu l’énergie ( courage ? ). Nous devons avoir prêt de 800 enregistrements live, qui pourrait avoir envie d ‘écouter tout çà ? Certainement pas moi ! Ce n’est pas une question d’éthique. C’est juste un état de fait. Existe-t-il un groupe dont tu préfères des enregistrements live à ses albums studio ? Nous en avons discuté entre nous dans Fugazi et n’avons pas trouvé à l’exception du live de MC5. Au lieu de sortir un album live nous préférons que les groupes enregistrent de nouveaux morceaux. Nous réfléchissons à un moyen intelligent de rendre tous ces enregistrements disponibles via internet. Si la technologie fonctionne , c’est un point, nous essaierons de créer un site accessible à tous, où tu pourras télécharger un concert en entier. C’est l’idée. Mais avant il faudra se poser pour réécouter toutes ces K7, ce qui représente énormément de boulot.

Un nouvel album de Fugazi est-il en préparation ?

On compose mais rien n’est figé. On est juste venu pour donner ces concerts en Angleterre.

Sur le EP de Egghunt ne figuraient que 2 titres pourquoi ne pas avoir mis la session en entier lorsque vous l’avez ressorti en CD, sachant que 2 titres supplémentaires avaient été enregistrés ?

4 titres ont été enregistrés effectivement mais un n’avait pas de chant, 2 en fait. Ils n’étaient pas finis. Par contre si tu repasses à Washington, il faudra que je te fasse écouter çà, sur un de ces 2 titres tu retrouves quasiment le riff de " Great cop " de Fugazi. J’ai écrit çà il y a des années à l’époque de Skewbald. J’avais écrit çà, di di di doud di di di dou da dou dom. C’était en 1981.

Concernant Skewbald, il n’existe pas de titres en plus par rapport aux 2 du EP ?

Non, c’est tout ce que nous avons enregistré. Il y en a 3, mais 2 sont enchaînés. C’est ce titre qui s’appelle… En fait il n’y a pas de titre. C’est celui qui démarre pas " You just change for the same, the same… ". Ce sont 2 titres distincts que nous avons regroupés. Durant cette même session nous avons également enregistré Rozzlyn Rangers. Je ne souviens pas s’il y avait d’autres titres de Skewbald, nous n’avons pas composé tant de titres que çà. Ce qui s’est passé c’est qu’on s’est retrouvé avec des heures de studio gratuites à disposition alors nous en avons profité pour enregistrer alors que nous n’avions même pas donné de concerts. J’aime beaucoup ce EP.

C’est d’ailleurs amusant car sur ce EP figure un titre qui sonne exactement comme un morceau du premier album de Uniform Choice.

Il nous l’a piqué ! ( Pat Dubar ). Il avait écouté la K7 de la session de Skewbald et pensait qu’il s’agissait d’un titre inédit de Minor Threat. Il pensait qu’il ne sortirait jamais et nous en a même piqué les paroles. Ils l’ont refait en se l’appropriant au nom de Uniform Choice. En fait, çà m’excède ( ennuie ? ) particulièrement qu’il ait fait çà. Uniform choice nous ont pratiquement tout piqué sur ce premier album, leurs titres sont versions rip off de morceaux de Minor Threat, " Small man, big head "… C’est totalement fou. As-tu remarqué que la pochette arrière de leur album est exactement construite comme celle de l’album de Faith. Au dos de " Submit to change ", il y a des photos d’eux en train de jouer avec un certain lay-out. Uniform Choice l’ont reproduit à l’identique, avec exactement le même lay-out et le même agencement de photos. Ce morceau qui fait " I’m sorry for I did, I’m sorry for I didn’t do… ", ce couplet il me l’a tout simplement piqué. Leur disque est sorti avant le EP posthume de Skewbald, mais nous l’avions enregistré bien avant eux en 1981 ! Qu’on ne me refasse jamais çà, sans quoi je botterai le cul de celui qui essayera. Qu’est devenu Pat Dubar, leur chanteur ? Il a ensuite joué dans ce groupe, Mindfunk… C’est si amusant de voir ce que ce sont devenus tous ces dieux auto proclamés de la scène straight edge.

As-tu lu " All ages ", le livre de Beth Lahickey ?

Je ne l’ai pas lu, tout ce dont je me souviens est que nous avions fait une interview par téléphone. Dans le livre j’interviens sur 8 pages d’affilée mais ces propos sont tirés de cette interview téléphonique. C’est juste moi en train de parler sur 8 pages. Je ne l’ai toujours pas lu, tout du moins j’ai lu tout ce qui concernait les autres personnes. Pour moi être straight edge n’a jamais été un choix ou un moyen de vendre des disques. Je n’avais pas envie de me défoncer la tête comme les autres gamins, c’est tout. Il y avait ce morceau de Minor Threat " Small man, big mouth " qui disait " Compete, compete, do it for the boys. Empty barrels make the most noise. ". Tu connais le concept d’un chargeur vide, çà fait énormément de bruit. Si un barrel est chargé, çà fait juste " pow ", vide çà fait " pushhhhzzzz ". Un chargeur vide fait plus de bruit. Les gens qui hallow, crient beaucoup plus. Les premiers straight edge qui hurlaient " Straight-edge ! Straight-edge ! Straight-edge ! ", nous savons que ce sont ceux qui tourneront le plus mal, ce sont des victimes de leurs propres choix. C’est craignos, c’est tout. Tout ces gars avec cette attitude si forte… Al de SSDecontrol, je suis sûr qu’il est toujours straight-edge. Je ne l’ai pas revu depuis des années, mais ce gars est vraiment tough. Toujours aussi fou.

Est-il toujours sur Boston ?

Oui, il s’est marié avec Nancy, mais je ne sais pas ce qu’il devient. Je n’ai pas eu de nouvelles depuis 5 ou 6 ans. Il est toujours dans le circuit mais je pense qu’il m’en veut car je n’ai pas aimé son dernier groupe. Je ne me souviens plus de leur nom mais je n’ai pas aimé. Il m’a envoyé çà… Ah, oui çà me revient, çà s‘appelle Gage. Je lui répondu, je suis désolé mais j’ai écouté les morceaux mais je n’ai pas trop accroché.

Juste une dernière question, pourquoi avoir changé de distributeur en France et être passés de PIAS à Chronowax ?

Ce n’est pas nous qui avons fait ce choix, c’est Southern. C’est leur décision, southern à londres s’occupe de toute notre distribution européenne. On discute de toutes ces décisions ensemble, mais généralement je leur laisse libre choix car ce sont eux qui font tout le travail. Ce n’est pas vraiment une décision politique, c’est juste une histoire de business je suppose.

Et voilà, that's it !

Soundtrack : Fucked Up " Hidden world "