Just Wanna Act Stupid & Have Some Fun ! (The Methadones @ La Mécanique Ondulatoire Part.1)

C’est chez Gwardeath (au cours de l’été dont je parlais dans une précédente note) que je découvris Screeching Weasel par le biais de leur second album « BoogadaBoogadaBoogada » que Laurent lui avait copié sur K7 avec le « Kill Kill Kill » de Jerry’s Kids sur l’autre face, K7 que l’on écouta un nombre incalculable de fois en épluchant les zines qui trainaient dans sa piaule.

Cet été se solda pour moi en une véritable déconfiture sentimentale dont je mis des mois à me remettre. Durant cette période particulièrement difficile pour un cœur d’artichaut comme le mien, une des choses qui sauva le peu de santé mentale qu’il me restait encore à l’époque fut de repartir de chez lui avec une copie K7 de l’album en question, qui devint rapidement ma bande son de l’été 90…
Rarement disque ne m’apporta autant de réconfort dans des moments de spleen aussi profonds. J’en adorais les mélodies, et ces paroles faussement légères un tantinet stupides que je prenais à chaque fois grand plaisir à fredonner pour me remonter le moral, de l’anthémique « Dingbat » qui ouvrait l’album jusqu’à « My Right », « Stupid Over You », « I Hate Led Zeppelin », « Ashtray », ou « Hey Suburbia » qui clôturait magistralement le disque. Qui plus est l’album comptait pas moins de 26 titres (soit 4 de plus que sur le premier D.R.I. !) chose suffisamment rare à l’époque pour être soulignée ! Et il m’aurait été difficile de ne pas me retrouver dans des paroles aussi profondes que « There's dried beer and cigarette butts on the floor… Get out of bed, my head is fucking screwed… I dont know what the fuck to do… I might be broke but I don't care… I just watch TV in my baggy underwear… I see the room before my eyes, a rotten pizza covered up with flies … I shelled out my last 7 bucks for beer » tout comme ce « Just wanna act stupid and have some fun… Cause we don't give a shit about tomorrow… », qui en devinrent inéluctablement la bande son appropriée d’un nombre incalculables d’années de dégénérescence tant mentale que physique !

Malheureusement, tant ce disque que ce groupe restèrent liés à une période suffisamment sombre de ma vie que ceci m’amena à tenter de les oublier aussi vite que je le pus. Il me fallut du temps, beaucoup de temps pour étancher tout ça, et trouver le courage d'en tenter une nouvelle approche.

Ce n’est qu’assez tard que je le fis (courant 92), et ce, après être tombé sur différents disques sorti sur ce label dont j’affectionnais tout particulièrement l’esthétique (Selfless Records, ce même label qui ressortit à la fois le premier EP et album de Drop Dead, la quasi-totalité de la disco d’Anti-Schism, l’unique album d’Initial State, ceux de Los Vampiros (unique groupe post-Dag Nasty avec Peter Cortner au chant), Rumble Puppy, ainsi que toute la première série d’albums des Ramones repris par les Queers, MTX, Boris The Sprinkler, The Parasites, Beatnik Termites, et donc Screeching Weasel qui en eurent la primeur…).

A cette époque là, les choses étaient encore suffisamment simples et informelles qu’il suffisait d’envoyer un simple billet de 10 Dollars dans une enveloppe pour commander directement n’importe quel album sorti sur Look Out ! en ayant l’assurance de recevoir son paquet dans les 10 jours qui suivaient l’envoi de sa lettre.

C’est ainsi que je me fendis sur le tard de leur premier album de reformation ayant succédé à « BoogadaBoogadaBoogada », « My Brain Hurts ». Il y avait beaucoup moins de morceaux que sur leurs 2 premiers disques (à peine 14 au lieu de 27 et 26…), et la plupart de mes potes trouvaient que Ben Weasel chantait atrocement mal, mais c'était ce qui me faisait le plus tripper dans ce groupe, tout comme ce côté irrévérencieux qui suintait de leurs disques tant musicalement qu’au niveau de leurs textes.

Et puis, il y avait ce titre que j’aimais tout particulièrement, qui s’appelait « Kamala’s Too Nice ». Comment aurais-je pu m’imaginer en écoutant ce morceau que je serais amené à rencontrer cette même Kamala 4 ans plus tard à l’occasion du concert que Crudos donnèrent au Vendemiaire à Montreuil, et d’atterrir chez elle à Oakland quelques mois plus tard pour y passer un des plus chouette été de ma vie.

Bien sur, lorsqu’elle se présenta, il me fallut un certain temps avant de faire le lien avec le morceau en question, et ce n’est que bien plus tard dans la soirée que je me suis risqué à lui demander… « Kamala, comme dans le morceau de Screeching Weasel ? » ça la fit moyennement rire, mais ça me paraissait tellement surréaliste que je n’aurais pu y échapper, d’autant qu’il s’agissait effectivement de la même personne…

Enfin bref, après ce premier disque, je me fendis de tous leurs albums sortis sur Look Out ! en envoyant régulièrement mes billets de 10 ou 20 dollars suivant ce qui pouvait me tomber sous la main. Il y avait encore à l’époque une sorte de saine émulsion qui faisait que l’on retrouvait sur ces mêmes disques les membres d’autres groupes venus prêté main forte, comme Aaron Cometbus leur ayant écrit « Going Home », Blake de Jawbreaker et Fat Mike faisant une apparition sur « Anthems For New Tomorrow », tout comme Joe Queer, Mike Dirnt, et inversement Dan Vapid et Dan Panic venus prêté renforcer les rangs des Queers sur « Beat Off », ce qui renforçait d’autant mon intérêt pour ce groupe qu’aucun de mes potes ne pouvaient souffrir en peinture !

Mon plus grand regret fut de n’avoir jamais pu les voir sur scène, le groupe n’ayant jamais tourné en Europe, tout comme les Riverdales, le second groupe de Ben Weasel qui leur emboita le pas sous l’impulsion de Dan Vapid après qu’il ait abandonné Screeching Weasel et Sludgeworth.

Les fluctuations de la vie firent que je m’intéressa davantage à la carrière en dents de scie de Ben Weasel qu’à celle de Dan Vapid, et de ce fait ne découvris les Methadones que sur le tard, voir très tard. Toutefois, je fus particulièrement content d’apprendre leur venue à Paris en ce lundi. Et à défaut de voir Screeching Weasel ou les Riverdales (dont ils nous gratifièrent d’ailleurs de quelques reprises fort bien venues telles que « Storm The Streets »), ça me permit de combler une vieille lacune de plus. C’était d’autant plus que plaisant de les voir jouer avec une telle simplicité dans ce lieu qui ma foi s’y prêtait fort bien, que j’eus l’impression de faire un grand bond dans le temps !

Merci à Frank et Olivier de s’être fait plaisir en organisant cette date non prévue fort risquée …

The Methadones – La Mécanique Ondulatoire – 22/09/2008