En voyant ces photos et le nom de tous ces groupes, je n'ai pu m'empêcher de repenser à ce festival de 85 qui se termina si tard le premier soir que de nombreuses personnes se retrouvèrent en caraffe pour rentrer chez elles en train de banlieue.
Heureusement, j'avais réussi à convaincre mon père d'avoir l’extrême gentillesse de venir m’y chercher en voiture (il faut dire que je n’avais que 17 ans à l’époque et ma mère l’aurait probablement étripé s’il ne s'y était pas plié !). Nous voyant sur le point de repartir en voiture, un jeune gars tout affolé et pas plus âgé que moi nous demanda s’il n’y avait pas moyen qu'on le dépose ainsi que son pote à une porte de Paris histoire de le rapprocher de chez lui. Mon père pas plus enchanté que ça à l'idée de se taper un détour de plus accepta malgré tout. En contrepartie, ce gars, plutôt sympa au demeurant et soulagé de pouvoir rentrer chez lui autrement qu'à pieds, sortit de son sac une copie du zine qu’il venait de sortir exprès pour le festival et qui portait le sobriquet pour le moins ridicule de 666. Le truc était mal photocopié et pas très bien gaulé, mais en même temps c’était le tout premier fanzine que je tenais entre mes mains, et j'étais impressionné de voir tout l'amour et toute la passion qu'ils avait pu mettre dedans. En plus, il y avait ce côté clandestin et illégal, en « marge » de la presse officielle qui me faisait complètement triper et me fascinait déjà au plus haut point. J'étais loin de me douter à l’époque que ça déclencherait chez moi un tel engouement que je me sentirai à jamais incapable de me détacher de toutes ces pages photocopiées et agraffées maladroitement...
N’en ayant pas imprimé beaucoup d’exemplaires, il ne put nous en filer qu’un seul pour moi et mon pote. Je fis l’erreur de le laisser à mon pote pour qu’il puisse le lire et ne le revis jamais par la suite. Ce que je ne savais pas également à l’époque, c’est que nos destins allaient se recroiser 2 ans plus tard, par le biais de son second zine portant le nom de Whiplash (Ouais, comme le morceau de qui vous savez...), et celui sur lequel je travaillais ardemment en vue d'un premier numéro...
Ayant eu vent de nos activités pseudo journalistiques, Nelly Saupiquet alors rédactrice en chef de Hard Rock Magazine nous mis en concurrence l'un et l'autre pour tenir une rubrique Thrash et Hard Core dans son magazine. Déjà branleur à l'époque, je ne pris jamais la peine de lui rendre les articles qu'elle m'avait demandé de rédiger sous forme de feuillets photocopiés, qui plus est, je n'avais pas de machine à écrire pour les taper et ne savais pas ce qu'était un feuillet ni comment ça se présentait... Néanmoins, je me suis toujours demandé comment aurait pu tourner ma vie si je m'étais donné un peu plus de mal à l'époque et remporté le job en question... A la place, j'ai préféré sortir mon premier zine pour y parler de tout ce dont j'avais envie sans avoir jamais de comptes à rendre à qui que ce soit quant à son contenu, et ça n'a jamais changé par la suite.
La personne en question portait le pseudonyme de Phil Pestilence (en hommage au morceau de Kreator du même nom), et bien sur c'est lui qui récupéra le job , qu'il partagea d'ailleurs dans un premier temps avec la corréalisatrice de Whiplash, Flo Baby Killer qui elle en revanche, n'eut pas le droit de conserver son pseudonyme et quitta assez rapidement le magazine pour devenir attachée de presse chez Bondage Records...
Malgré ce job qui me passa sous le nez et me faisait tout de même bien rêver, nous nous liames d'amitié avec Phil, et il sut me renvoyer régulièrement l'ascenseur par la suite en chroniquant mes zines de manière dithyrambique, tout en me faisant participer à la plupart de ses projets, dont malheureusement aucun ne vit le jour...
Le plus amusant est de constater que près de 20 ans plus tard, bon nombre de mes amis, tant parmi les plus jeunes que les plus anciens, continuent de vouer une admiration immodérée à l'ami Phil (entre autre à cause de ses nombreux articles parus dans la presse métal de l'époque, au sein de Metal Hammer, Hard Rock Magazine, puis sur les ondes de RMC et M6…) et me demandent régulièrement ce qu’a pu devenir ce brillant visionnaire de la musique après qu’il ait soudainement disparu des ondes…
Moi aussi je me suis souvent posé la question, ayant amèrement regretté que nos chemins se soient ainsi séparés sans plus jamais avoir de nouvelles du jour au lendemain, après lui avoir même parfois prêté certains de mes disques pour qu'il les passent sur les ondes de RMC en le briffant auparavant sur leur contenu (« We're not in this alone » de Youth Of Today fut d'ailleurs l'un d'entre eux...). Les rumeurs ont été bon train passé un certain temps, plus exubérantes les unes que les autres et pas forcémentdes plus heureuses, mais totalement fausses pour la plupart.
La réponse je l'ai finalement trouvée il y a peu, et n'est pas forcément celle que je pouvais imaginer… Vous pouvez d'ailleurs la trouver sur le site en lien ci dessous...
C'est amusant de se souvenir que c'est ce même gars (celui à gauche sur la photo) qui joua de la basse (basse qu'il racheta d'ailleurs à Phil d'ADX et à laquelle il retira toutes les corde sauf une, la seule nécessaire pour jouer la musique que nous faisions !) dans cette grande escroquerie musicale dans laquelle je jouais également, qui portait le doux nom de Putrid Cadaver (Promis je reviendrai en longueur sur le sujet dans une prochaine note !) et dont je n'ai pu résister au plaisir d'insérer quelques photos d'époque...

Ouais, c'est bien lui juste à côté de moi basse à la main (avec notre batteur juste devant), tout comme moi en train de hurler au cours de la même répète...
Putrid Cadaver – Liberty Rock Studio – Printemps 89
Et ouais, et pratiquement 20 ans plus tard, t’as toujours un couillon qui continuent de photocopier des historiettes écrites à la main et jouer dans des groupes qui ont du mal à dépasser le cap des 3 démos et des concerts dans les squats et sous sols de bar enfumés…
Comme me le dit si souvent mon ami Frank F. de Punk Rawk, finalement parmi tous les gens que t’as pu côtoyer, t’es le seul à ne pas avoir réussi dans la vie…
J'ai souvent trouvé ça cruel, mais je dois aussi reconnaître quelque part il y a énormément de vrai là dedans, tout du moins dans ce que les gens considèrent comme une réussite sociale…
Quand j'ai quitté tout ce joli monde de la presse métal pour cotoyer davantage tout mes amis de la scène HxC, à mon grand dégoût la plupart d'entre eux ont fini dans ce magazine racoleur que je détestais (R.A.G.E.), et c'est vrai qu'eux aussi ont « réussi » pour la plupart et sont devenus producteurs, photographes de presse, réalisateurs ou chefs d'entreprise...
Mais quelque part je crois que je m'en branle, car je reste beaucoup plus attaché à des gens comme ça …
Vous vous demandez probablement qui est cet homme au regard si intelligent... Vous ne voyez pas ?
Pourtant, c'est ce fameux batteur qui ne prit même pas la peine d’aller auditionner quand Kurt Cobain et Kris Novoselic l’appelèrent pour prendre la place de Chad Channing au sein de Nirvana… Et de ce fait recrutèrent Dave Grohl à la place !
Ouais il s’agit bien de Brian Walsby, l’actuel batteur de Double Negative et auteur de nombreux comics strips hilarant sur la scène HxC dont vous pouvez retrouver quelques extraits ici http://introvertedloudmouth.blogspot.com/ et là http://www.brianwalsby.com/
Et re ouais, c'est ce genre de gars que je continue d'aimer et d'admirer plus que tout au monde !!!
Soundtrack : Warfare « Blown To Bits » (Ironiquement, le seul morceau encore écoutable sur le maxi que j'ai explosé ce week end !)